Balade avec... Jean-François Rimasson

À cinq ans, il pêchait à la ligne sur les bords de Rance avec son père. À l’adolescence, il construisait sa première cabane à carrelets avec des copains. Rien d’étonnant à ce que Jean-François Rimasson ait pris la tête de l’association "Les copines et les copains des carrelets de la Rance", créée en 2022. Le Vicomtois nous a emmenés à la découverte de ce patrimoine longtemps délaissé, qui devrait bientôt reprendre vie. 

Elles attirent le regard dès le passage du pont de Lyvet*. Deux cabanes à carrelets, perchées sur leurs longues jambes de bois, semblent contempler la Rance. En contrebas, Jean-François Rimasson nous attend sur le port du même nom**, longtemps emblématique de la pêche au carrelet. « Ici, cette technique était déjà utilisée avant-guerre, nous informe-t-il. On pêchait au carrelet dans des bateaux ou depuis la rive. Il pouvait y avoir 200 pêcheurs postés juste là, face au port !»

Nous longeons les quais pour rejoindre le sentier du bord de Rance et les premières cabanes de notre balade. « Elles sont apparues dans les années 60, construites par des ouvriers qui, moyennant une maigre redevance, disposaient d’un droit d’occupation du domaine maritime, indique Jean-François Rimasson. La pêche permettait à ces gens modestes d’arrondir les fins de mois ou de s’évader après leur semaine de travail.» Ces heureux moments de détente, notre guide s’en souvient comme si c’était hier. « Quand on était jeunes, il n’y avait pas autant de distractions qu’aujourd’hui. On se retrouvait dans les cabanes autour d’un casse-croûte, en période de marée, et parfois même la nuit. Une partie de pêche au carrelet, ça faisait une sortie sympa ! » Marquant une pause devant les constructions aujourd’hui à l’abandon, l’amateur de pêche précise : « On construisait les cabanes en famille ou entre amis, rien qu’avec de la récup’ ou en abattant des arbres directement sur la rive. C’était un peu fantaisiste ! » 

En poursuivant le sentier ombragé jusqu’à Morgrève, d’autres cabanes apparaissent, comme figées par le temps. « Dix-sept constructions ont été recensées mais peu sont encore debout », regrette Jean-François Rimasson. Celui-ci n’a pas hésité, il y a deux ans, à répondre à l’appel des maires de La Vicomté et de Saint-Samson-sur-Rance, invitant la population à se mobiliser pour sauver les bicoques. « Une quarantaine de personnes s’est manifestée et l’association Les copines et les copains des carrelets de la Rance est née en septembre 2022. Elle compte aujourd’hui une centaine de membres et a déposé un dossier pour obtenir une autorisation d’occupation du domaine maritime et un permis d’aménager, dans l’idée de reconstruire les cabanes dans le même esprit qu’à l’époque. » En attendant l’accord officiel, dans un contexte réglementaire exigeant (site protégé, création du parc naturel régional, etc.), l’association organisera la Fête des Carrelets le 20 août, au moulin à marée du Prat. Le monument se dresse justement aux abords de notre circuit de balade. Une escale s’impose : l’occasion de partager encore d’autres souvenirs des traditions locales. 

* entre Saint-Samson-sur-Rance et La-Vicomté-sur-Rance
 

Vous recherchez un itinéraire plus complet ? Consultez ici le Tour de La Vicomté-sur-Rance. 

Le port de Lyvet

Blotti sur les bords de Rance, le hameau de Lyvet abritait, au mlilieu du XIX^e siècle, une vingtaine de maisons de marins, pêcheurs, bateliers ou encore tisserands. En 1873, la construction d'une première cale de 80 mètres permit d'y développer le commerce de marchandises : céréales, pommes, blé, bois, ardoises... Aujourd'hui, le site est devenu un port de plaisance mais a su garder son charme d'antan. En savoir plus.

Le viaduc de Lessard

Ouvrage original de Gustave Eiffel, il est situé à 900 mètres en aval de l'écluse du Châtelier, sur le tracé de la ligne de chemin de fer Cherbourg-Brest. En 1944, il fût détruit par les Allemands afin de ralentir les troupes américaines. Il sera reconstruit dès 1949.

Le port de Morgrève

Jusqu'au XIX^e siècle, il servait de port d'échouage aux gabares, ces bateaux emblématiques de la Rance. Les fagots qu’ils transportaient alimentaient les fours des boulangers de Saint-Malo.

Le moulin du Prat

Des 15 moulins à marées recensés dans l'estuaire de la Rance, ce moulin du XV^e siècle est le seul qui fonctionne encore, grâce à une rénovation réalisée dans les années 2000 par des bénévoles passionnés. En savoir plus.