Compagnie Bataya : différents, ils brûlent les planches
Créée en 2014, la compagnie Bataya réunit une dizaine d'acteurs, tous en situation de handicap. Sous la direction artistique de la metteuse en scène Delphine Vespier, le collectif défend un acte théâtral singulier. Une aventure artistique et humaine intense, pour tous.
Pour Aymeric, les choses sont claires : « Delphine, elle est super, je l'adore ». Aymeric, c'est l'un des dix comédiens de la compagnie Bataya, dirigée par Delphine Vespier. Depuis 2014, le jeune homme, trisomique, fait partie de l'aventure théâtrale qui les réunit au sein du projet Carmen City. « Désormais le groupe est très soudé. Nous vivons une histoire humaine et artistique incroyable », résume la metteuse en scène. Dans ce groupe d'acteurs, de 30 à 65 ans, tous sont en situation de handicap. C'est lors d'ateliers théâtre avec ces publics différents que Delphine les a rencontrés, alors qu'elle était aux manettes de la Compagnie du Chien bleu. « J'ai eu l'envie de lancer une aventure théâtrale avec ces comédiens amateurs, aux modes et aux rythmes de pensées différents ».
Neuf acteurs sur scène pour parler d'amour
On y retrouve Anthony, Alberte, Marie-Claude, Élodie, Eric, Estelle... Ensemble, ils ont construit et écrit leur projet théâtral, inspiré par Carmen de Bizet, une œuvre qui interroge les sentiments et relations amoureuses. Le premier volet, Carmen City #1, a été présenté en 2016. Cette année, c'est le quatrième volet du projet qui voit le jour, et qui va être porté sur scène dès ce mois de septembre. L'histoire ? Il s'agira d'un groupe d'Amoureux Anonymes (AA), rencontrés grâce à Internet, et réunis pour parler amour et sentiments...
« Prouver que cela était possible »
Depuis quatre ans, ils répètent régulièrement, le plus souvent chaque semaine. « Au début ce n'était pas facile car le handicap de chacun est différent, mais au fil du temps nous avons réussi à les capter de plus en plus lors des répétitions. Nous avons réussi à prouver tous ensemble que cela était possible », poursuit Delphine. Une gageure, quand on sait que la plupart ne savent ni lire, ni écrire, et que la mémoire des textes et du jeu n'est pas toujours évidente. Le résultat, c'est un jeu direct, parfois heurté, parfois fragile, toujours entier. « Ce sont des acteurs sincères, qui évidemment ne savent pas tricher, qui n'ont pas le désir d'être reconnus, même s'il est évident que le théâtre leur donne un sentiment d'existence très fort ». Ce n'est pas Aymeric qui dira le contraire : « Le théâtre, c'est toute ma vie ».
Spectacle Carmen City #4 : les dates à venir :
28 septembre à Plaintel (salle des fêtes)
12 octobre au Centre Culturel Mosaïque à Collinée
18 octobre à la salle Horizon à Plédran
16 novembre au Centre Culturel Le Cap à Plérin