Des jeunes pleins d'avenir

Yoann Rehel

Que ce soit dans les domaines de la culture, du sport, ou de l'innovation, les Côtes d'Armor regorgent de jeunes talents. Rencontres avec cinq jeunes pleins d'avenir, qui rêvent, inventent et font bouger le département : Alexis Renard, champion cycliste, Aurélie Moy, jeune entrepreneure, Charles Ménage, chargé de projet dans l'innovation, Sterenn Roux, étudiante en informatique, et Yoann Réhel, président de l'un des plus gros festivals costarmoricains.

  • Aurélie Moy, fondatrice du projet Ty Village : elle rêve et construit le monde de demain

    Aurélie Moy, fondatrice du Ty Village, qui est devenu le premier village de tiny-houses pour étudiants en France
    Aurélie Moy, fondatrice du Ty Village, qui est devenu le premier village de tiny-houses pour étudiants en France

    « Mon rêve, c'est d'habiter dans une tiny-house. Je créé un coin de paradis ici », confie Aurélie Moy, 24 ans. Ici, c'est à Saint-Brieuc, derrière le Campus d'Armor situé dans le quartier des Villages. Et encore plus précisément dans l'adorable micro-maison en bois qu'elle a conçue, et dans laquelle elle revient tous les week-ends. Une pause ressourçante pour elle qui travaille en tant qu'ingénieur environnemental à Paris, autant qu'un écrin dans lequel elle bâtit savamment son rêve. C'est en 2017 que l'idée d'un projet de tiny-house germe dans son esprit, alors qu'elle termine ses études d'ingénieur environnemental à Sydney, après avoir fait un passage brillant par la prestigieuse Polytechnique. « La question, c'était de savoir où implanter ma tiny. Puis je me suis rappelée que mon père était propriétaire d'un terrain à Saint-Brieuc ».
    Eco-village pour 21 étudiants
    Rapidement, Aurélie imagine d'y créer un éco-village de « tiny » à l'attention des étudiants. De fil en aiguille, elle créé son entreprise pour donner le jour à son Ty Village, qui accueille donc depuis cette rentrée cinq maisonnettes roulantes en bois, toutes construites par L’Atelier des Branchés, près de Rennes. A terme, 21 tiny-houses seront mises en location (à partir de 450€ pour les étudiants) au sein de cette cité écolo, imaginée et pensée avec pour objectif un impact environnemental minimal. Jardins partagés, vergers de conservation, toilettes sèches pour ceux qui le souhaitent, tables de pique-nique, aire sportive, compost... Aurélie a déjà en tête une idée très précise de ce « laboratoire de vivre-ensemble » qu'elle entend mettre en place.
    « J'irai là où je sentirai que j'aurai le plus d'impact »
    « Il est temps de raconter de nouvelles histoires, de montrer qu'une vie écolo peut être souhaitable, d'inventer le monde de demain et d'imaginer une nouvelle société. Face au réchauffement climatique, il y a urgence à agir ». A en croire sa détermination sans faille, et son talent pour embarquer avec elle tous les acteurs, banquiers, partenaires associatifs, collectivités, le tout avec une humilité et une intelligence remarquables, la réussite du projet ne fait aucun doute. Les clés de la réussite pour Aurélie ? « D'abord, se laisser la possibilité de rêver pour imaginer. Ensuite, il faut de la détermination et de la persévérance pour activer ses rêves. Et puis s'entourer des bonnes personnes car sinon, on n'est rien ». La suite ? « J'irai là où je sentirai que j'aurai le plus d'impact ».
    www.tyvillage.fr

    Alexis Renard, Champion de France de cyclisme amateur : graine de champion

    Coureur de l'équipe Côtes d'Armor - Marie Morin - Véranda Rideau, Alexis Renard s'apprête à faire ses premiers pas dans le cyclisme professionnel
    Coureur de l'équipe Côtes d'Armor - Marie Morin - Véranda Rideau, Alexis Renard s'apprête à faire ses premiers pas dans le cyclisme professionnel

    Lorsqu'il nous accueille dans la longère dans laquelle il vit depuis toujours avec ses parents, à Plorec-sur-Arguenon, Alexis Renard, 20 ans, est déjà en tenue de cycliste. « C'est les vacances, j'ai donc tout le temps pour m'entraîner », souligne avec douceur et humilité celui qui poursuit en parallèle un DUT Génie Civil à Saint-Nazaire. « Entre le vélo et les études, c'est beaucoup de sacrifices. Je ne sors pas énormément, mais c'est un choix de vie ». Assurément, c'est aussi la condition pour espérer vivre un jour du vélo. « C'est un métier difficile, mais c'est un beau métier, non ? Il permet en plus d'assurer une vie confortable ».
    « Beaucoup de sacrifices »
    D'ailleurs, pourquoi le vélo ? « J'ai fait du foot jusqu'à mes 13 ans. Un jour je me suis cassé les ligaments croisés ». Verdict : « Pendant un an, j'avais le droit de ne faire que de la natation ou du vélo ». On l'aura compris, il a choisi la petite reine, enchaînant rapidement les victoires. Des dispositions particulières qui pour autant ne le motivent pas à intégrer une section de sport-études au collège et au lycée. « Je préférais rester avec mes amis et ma famille. Et puis le vélo étant un sport d'endurance, il suffit de s'entraîner, alors j'enfilais les kilomètres le soir après les cours ». Un choix gagnant, car en juillet, à force de pugnacité et de sacrifices, Alexis Renard est devenu Champion de France de cyclisme amateurs. Et va devenir à la rentrée stagiaire professionnel au sein de l'équipe l’équipe Israël Cycling. « Ce que je fais, c'est pour vivre d'autres belles victoires ». En gardant si possible son ancrage sur ses terres.

    Charles Ménage, chargé de projet à ID Composite : l'innovation dans le viseur

    Charles Ménage, l'un des trois salariés de la plateforme ID Composite, centre technique et de formation spécialisé dans les procédés de transformation des polymères et composites
    Charles Ménage, l'un des trois salariés de la plateforme ID Composite, centre technique et de formation spécialisé dans les procédés de transformation des polymères et composites

    Parfois le hasard se charge de frapper un grand coup. C'est ce qui est arrivé à Charles Ménage ce jour où, alors qu'il travaillait depuis sept ans en tant que chef de projet dans une entreprise d'aéronautique à Nantes, il se brouille avec son supérieur hiérarchique. « Le soir même, furieux, je me suis jeté sur les offres d'emplois. Et chose incroyable, je suis tombé sur cette annonce qui indiquait qu'ID Composite recrutait un chargé de projet. J'ai un peu sauté dessus... » Et évidemment, il a été retenu. Il faut dire que sur le papier, Charles Ménage réunissait tous les atouts pour obtenir le poste.
    « Ici, on ouvre de nouvelles portes »
    Né il y a 37 ans à Pléneuf-Val-André, le jeune homme obtient un DUT Science et Génie des Matériaux puis une Licence à l'IUT de Saint-Brieuc, avant de s'envoler pour le Canada, puis de revenir en France, à Paris, Toulouse puis Nantes, où il enchaîne les missions en tant que chef de projet, deux ans dans le nautisme, puis 12 dans l'aéronautique. Il y a un an, retour donc en terre bien connue, puisqu'il se réinstalle dans les locaux de l'IUT, où est basée la plateforme ID Composite, dont la principale mission est de développer des produits et procédés en proposant des solutions innovantes. « Moi qui suis curieux techniquement, ici je m'éclate. On ouvre de nouvelles portes, de nouveaux projets, portons de nouvelles initiatives. C'est passionnant ! », mesure le Costarmoricain, qui se dit également très attaché à son territoire. « Après avoir pas mal bougé, j'avais envie de me poser, d'acheter et rénover une maison, revenir vers mes proches, et voir ma fille grandir ici ».
    www.idcomposite.fr

    Yoann Rehel, président de l'association Bowidel : passion Bobital

    L'association Bowidel est organisatrice de l'Armor à Sons, mais également du Bobimômes, qui a rassemblé la veille du festival 1300 enfants et personnes âgées.
    L'association Bowidel est organisatrice de l'Armor à Sons, mais également du Bobimômes, qui a rassemblé la veille du festival 1300 enfants et personnes âgées.

    Bobital, c'est son port d'attache, le village où il a grandi. C'est aussi bien sûr le haut-lieu du festival  l'Armor à Sons, piloté par Yoann Réhel, qui rassemble chaque été, début juillet, quelque 26 000 spectateurs. Un festival à l'affiche éclectique et familiale, à l'ancrage rural revendiqué, et adossé à un projet social affirmé haut et fort. Pour l'enfant de Bobital, 37 ans aujourd'hui, c'est également et surtout « une aventure humaine de fous, dont on ne ressort que plus forts tous ensemble ». Une aventure à laquelle il participe en tant que bénévole depuis ses 16 ans, et un engagement qui allait de soi pour lui. « J'ai toujours baigné dans le tissu associatif car mon père était très impliqué dans la vie du village, alors c'est tout naturellement que j'ai proposé mes services sur le festival. Au départ, je filais le coup de main avec mes marqueurs pour assurer la signalétique ».
    « J'ai toujours baigné dans le tissu associatif »
    Quelques années plus tard, en 2010, il devient responsable des partenariats, et coordonne jusqu'à 50 bénévoles pour 3 000 partenaires. En 2014, il devient vice-président de l'association Bowidel, et quatre ans plus tard, il prend seul les manettes du navire. Une lourde responsabilité, mais qu'il assume avec rigueur et confiance, aux côtés d'une équipe sur laquelle il peut compter. « Dans la vie je suis maître d’œuvre dans le bâtiment, dans un cabinet d'architectes à Dinan. Un chef d'orchestre en quelque sorte. Avec l'association c'est un peu pareil, je donne du tempo, je coordonne et donne vie à un projet ».
    Pour garder l'équilibre, lui qui ne dédaigne pas faire un ultra-trail de temps en temps, a su trouver le bon dosage. « Ma femme et mes enfants m'apportent un ancrage et un équilibre essentiels. Sans leur adhésion, je ne pourrais pas m'investir sur le festival, car cette passion embarque tout le monde ». Sa passion, il compte bien l'entretenir longtemps. « Je veux rester dans le projet associatif aussi longtemps que possible. Bobital, j'en suis très fier ».
    www.bobital-festival.fr

    Sterenn Roux, étudiante en DUT Informatique : Son rêve, ingénieure en informatique

    Etudiante en DUT Informatique à Lannion, Sterenn Roux souhaite s'orienter dans le développement web. "Créer une application ou un site à partir de rien, c'est ce que j'aime tout particulièrement".
    Etudiante en DUT Informatique à Lannion, Sterenn Roux souhaite s'orienter dans le développement web. "Créer une application ou un site à partir de rien, c'est ce que j'aime tout particulièrement".

    « Lorsque j'étais en seconde, un élève du lycée m'avait dit : « Tu es une fille, tu n'as pas à aller en sciences de l'ingénieur, va faire Sciences de la Vie et de la Terre » ». Les stéréotypes ont encore la vie dure, mais Sterenn Roux, n'en a que faire. Étudiante en DUT Informatique à l'IUT de Lannion, la jeune femme de 19 ans ambitionne de devenir ingénieure en informatique, avec une prédilection pour le développement web, qu'elle a découvert avec le challenge Ada Lovelace, qui a lieu au lycée Le Dantec à Lannion où elle était lycéenne. Un concours auquel elle a participé en tant que participante pendant trois ans, puis en tant que tutrice lors de l'édition passée, et qui vise à encourager les lycéennes à se lancer dans des formations scientifiques.
    Démonter les clichés
    « Au début j'ai pensé que l'initiative était un peu sexiste, mais lorsque je vois le peu de filles en informatique et les comportements machistes auxquels nous sommes confrontées, je me dis que c'est une belle initiative ». Les formations scientifiques, et en particulier l'informatique, sont des secteurs où les femmes sont en effet très peu représentées, avec à peine 20 % d'étudiantes en écoles d'ingénieur dans l'informatique. Pas de quoi refroidir Sterenn, qui, après son DUT, souhaiterait poursuivre par une formation en alternance, afin d'obtenir son diplôme d'ingénieure « tout en ayant une expérience en entreprise ». Pour ensuite se lancer dans le grand bain du monde professionnel, « si possible en Côtes d'Armor, car j'y suis très attachée ».
    adalovelace.ledantec-numerique.fr