Germaine la marionnette apaise les personnes âgées

Tous les lundis matin, Germaine vient échanger avec des personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, dans les Ehpad du Crié à Hillion, et de Prévallon à Saint-Brieuc
Tous les lundis matin, Germaine vient échanger avec des personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, dans les Ehpad du Crié à Hillion, et de Prévallon à Saint-Brieuc

Toutes les deux semaines, une marionnette rend visite aux résidents de l'Ehpad d'Hillion atteints de la maladie d'Alzheimer. Le but de ce projet original mené par la compagnie briochine Fiat Lux, apaiser les personnes âgées et maintenir le lien social.

  • Avec ses grands yeux noirs, son chignon grisonnant et son doux sourire, Germaine a tous les attributs de l'adorable grand-mère. Deux lundis par mois, elle vient papoter pendant près de deux heures avec les résidents de l'Ehpad d'Hillion, en alternance avec celui de Prévallon à Saint-Brieuc. « Toi, tu n'as plus de dents depuis longtemps. Tu es une coquine toi ! », lance Christiane, près de 90 ans, à Germaine. Comme tous les résidents qui se trouvent ce matin-là dans la salle commune du rez-de-chaussée de l'Ehpad, Christiane est atteinte de la maladie d'Alzheimer. « Pourquoi tu dis ça ? », demande la marionnette, de sa voix amicale et chevrotante. « Pour rire, c'est important de rire », affirme Christiane en caressant les mains et le visage de son amie, avant de replonger dans son silence.

    Animée par Eléonore Gresset et I-An Su, deux comédiennes de la compagnie Fiat Lux, Germaine parvient à libérer la parole de ces personnes âgées le plus souvent silencieuses. Il faut dire que les deux jeunes femmes, qui ont suivi une formation spécifique, sont particulièrement en phase avec les résidents.

    Germaine

    Confidences au milieu du silence

    Vêtue de son éternelle blouse à carreaux et de bas rouges, la marionnette discute de la pluie et du beau temps, prend le temps d'écouter, de réconforter, de rire. Souvent aussi, Germaine compose avec les silences, s'adapte aux regards qui se perdent. « Qu'est-ce que tu aimes manger ? », demande Germaine à Cécile. « Je ne sais plus », s'égare Cécile en essuyant une larme. Parfois, la parole trébuche sur un mot, rebondit sur un souvenir qui remonte à la surface, passe du coq à l'âne. « On dirait souvent du Beckett... », note Eléonore Gresset.

    « Certaines personnes âgées n'ont pas de visites et de contacts avec l'extérieur. Germaine permet de réintroduire de l'humain et de maintenir le lien social », explique Didier Guyon, metteur en scène de la compagnie et initiateur de ce projet démarré il y a un an. « En 2015, sur les conseils d'une directrice de l'hôpital Yves Le Foll dans lequel nous intervenions, nous nous sommes tournés vers les personnes âgées. J'ai eu envie de prolonger notre travail en direction des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer », poursuit le metteur en scène. Quelques réunions plus tard avec les animatrices des Ehpad de l'agglomération, Germaine voit le jour.

    « Germaine permet de lever des angoisses »

    Le rôle apaisant de la vieille dame de chiffon n'est plus à démontrer. « Des fois, la maladie empêche l'échange, relate Nathalie Corbel, animatrice à l'Ehpad. Germaine peut nous permettre de mieux comprendre les résidents, de lever des angoisses, car il arrive qu'ils confient à Germaine des choses qu'ils ne nous disent pas. Parfois, seuls les regards et le toucher suffisent ». Midi arrive, Germaine termine son intervention avec Simone, une grande et vieille dame élégante. « Bon ma cocotte, lance Simone à celle qu'elle considère un peu comme sa petite-fille, Mamie Simone elle va y aller, et quand elle sera au Paradis elle te fera coucou. Oh ça m'a fait plaisir de te voir ma petite chérie ! ».

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mag 172

Article issu du n°
172
de Côtes d’Armor magazine

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