• Magazine Côtes d'Armor

L’école du dehors : apprendre et grandir avec la nature

Après un temps d’écoute des sons de la nature, favorisant la concentration, Isabelle Michat, enseignante, débute sa leçon.
Après un temps d’écoute des sons de la nature, favorisant la concentration, Isabelle Michat, enseignante, débute sa leçon.

Enseigner le programme scolaire en pleine nature : c’est le principe de l’école du dehors. En Côtes d’Armor, l’association Eau et Rivières de Bretagne accompagne chaque année trois à quatre classes qui souhaitent se lancer dans l’aventure.

La séance commence les yeux fermés. Assis sur des troncs couchés dans le sous-bois, une vingtaine d’élèves se concentrent sur les sons de la nature. Le chant des oiseaux, le bruissement du vent, le bêlement d’une biquette au loin… ce temps d’écoute offre une introduction sereine à la leçon du jour, consacrée aux adjectifs contraires. Comme chaque jeudi, les GS/CP de l’école Gilles Servat de Pabu vont travailler ici tout l’après-midi : au grand air et les mains dans l’humus !

Mieux apprendre par le concret

L’école du dehors n’a rien d’une lubie. À l’heure où toutes les études pointent une réelle déconnexion des jeunes à la nature, cette pratique émergente ne manque pas d’intérêts. « Faire l’école dehors, cela mobilise toutes les capacités de l’enfant, témoigne Dominique Cottereau, coordinatrice du Réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne*. Au lieu d’être enfermé dans une classe à découvrir des notions abstraites, l’élève entre en contact direct avec le monde réel. Il va observer, entendre, manipuler ; son cerveau et tous ses sens sont mobilisésCela facilite la compréhension et la mémorisation des notions. »

À Pabu, l’exercice du jour offre un exemple probant. Après avoir présenté quelques mots contraires à ses élèves (grand/petit, léger/lourd, sec/mouillé, etc.), Isabelle Michat, enseignante et directrice, les invite à un temps d’exploration pour collecter des objets illustrant les notions apprises. La petite troupe s’affaire, l’un roulant une pierre, l’autre farfouillant le ruisseau, d’autres encore ramassant plumes et feuilles… « Grâce à ces exercices, la leçon devient très concrète, constate l’enseignante. Je vois tout de suite s’ils ont compris. De plus, ces temps de recherche favorisent la coopération, l’imagination, la confiance en soi…»

« Une révolution de l’éducation à l’environnement »

« L’école du dehors, c’est la bonne révolution de l’éducation à l’environnement, assène Vincent Lefevre, directeur de l’action pédagogique à Eau et Rivières de Bretagne. Reconnecter les gamins à la nature, en immersion et sur la durée, c’est la meilleure façon de les rendre sensibles aux enjeux environnementaux. C’est pour cela qu’on a lancé une expérimentation, il y trois ans, pour accompagner les classes qui souhaitent commencer. » Aide à la recherche d’un lieu, animation des premières séances, mise à disposition de ressources pédagogiques… le soutien est précieux pour des enseignants qui doivent réinventer leur façon d’enseigner. « Au début, on ne sait pas trop comment s’y prendre, reconnaît Céline Poëns, également enseignante à Pabu. Il faut repenser ses pratiques, apprendre à laisser plus de liberté aux élèves... Heureusement, les animateurs du CRIR** sont très présents. Et la récompense, c’est que l’on constate vite les effets sur le bien-être des enfants et sur le climat de classe. » Si l’impact sur les résultats scolaires est difficilement mesurable, les bénéfices sur la santé sont quant à eux reconnus. Parce que dehors on bouge plus, parce que la nature a des vertus apaisantes, l’école du dehors peut contribuer à réduire le surpoids, à contenir l’hyperactivité ou à lutter contre le stress... Des bienfaits qui dépassent le seul cadre de l’école.

Contacts

  • Eau et Rivières de Bretagne

    2 Rue Crec'h Ugen
    22810 Belle-Isle-en-Terre