Enfance

L'Epide à Lanrodec : une main tendue

Maëva Roger et Jason Jégu, deux des volontaires parmi les 120 accueillis à l'Epide de Lanrodec
Maëva Roger et Jason Jégu, deux des volontaires parmi les 120 accueillis à l'Epide de Lanrodec

Installé depuis 2006 sur le site de Coat an Doc'h, à Lanrodec, l'Epide accueille 120 jeunes de 18 à 25 ans pour leur offrir une chance de se ressaisir et de s'insérer dans la société. Un concept qui peut apporter des réponses à des jeunes sortis du système.

  • Lorsque nous franchissons le portail de l'Epide, à Lanrodec, Laurence Zellner, la directrice, nous accueille avec « Monsieur Jégu et Mademoiselle Roger ». Monsieur Jégu, 18 ans, et Mademoiselle Roger, 20 ans, sont deux « volontaires » parmi les 120 qu'accueille ce centre. « Je ne connais pas leur prénom car ici nous vouvoyons tous les jeunes et les appelons par leur nom, explique la directrice. Nos jeunes, ce ne sont pas des délinquants, mais des jeunes déjà cabossés par la vie, qui n'ont pas suivi une scolarité régulière, et qui n'ont pas eu de chance ». Quand elle est arrivée au centre, début 2019, Maëva Roger en témoigne : « J'ai vu des mains tendues pour la première fois de ma vie. J'ai gagné en confiance en moi ». Jason Jégu, volontaire depuis peu, était « éloigné du cadre en arrivant, je me disais que je n'y arriverais pas. Ça me plaît ici ». « Les jeunes qui arrivent ont tous ancré dans leur tête qu'ils ne sont bons à rien. Notre travail est de les convaincre qu'ils ont des talents, car ils viennent ici pour redémarrer ou se réparer, poursuit la directrice. Ce sont des jeunes très courageux, car ils évoluent dans un cadre plein de contraintes, d'inspiration militaire ».

    Des codes militaires

    Une discipline des plus strictes à laquelle doivent se soumettre tous les volontaires : lever du corps à 6h tous les jours, vouvoiement et uniforme obligatoires, lever de drapeau, Marseillaise chantée le vendredi matin, garde-à-vous, mains dans les poches interdites... « Nous offrons aux volontaires un cadre structurant, exigeant et surtout bienveillant, pour les aider à sortir de la spirale de l'échec et leur donner des repères. Être poli, à l'heure, se tenir droit : autant de bases dont ils auront besoin dans leur vie professionnelle ». Au total, on compte 19 centres Epide en France, un dispositif mis en place en septembre 2005 par le ministère de la Défense, et passé depuis sous la tutelle des ministères chargés de l’Emploi et de la Ville. L'objectif est clair : conduire des jeunes sans qualification vers l'insertion sociale et professionnelle. « Les volontaires arrivent ici tous les deux mois, par promotion de 30, pour un contrat de huit mois. Logés et nourris, ils perçoivent une allocation mensuelle de 210 € dont 90 € sont épargnés et versés en fin de parcours », poursuit Laurence Zellner.

    « Nos jeunes sont des diamants bruts »

    Une formation générale est dispensée, en maths, français, culture générale, et éducation physique. L'élaboration du projet professionnel de chaque jeune occupe également une grande place, grâce à des partenariats noués avec de nombreuses structures et entreprises bretonnes. Au programme aussi, une éducation à la citoyenneté, « parce qu'intégrer sa cité, c'est savoir d'où l'on vient, et que pour trouver du sens, il faut s'impliquer et donner de soi. Cela passe par des cérémonies patriotiques, des visites d'institutions publiques, le journal télévisé quotidien obligatoire, des actions citoyennes... », énumère Laurence Zellner. Et pour ne pas les lâcher dans la nature une fois le contrat terminé, le centre assure un suivi et un appui pour le logement, la mobilité et la santé, sur tout ce qui peut freiner la réussite de l’insertion. Des résultats encourageants, puisque 70% des jeunes trouvent leur voie. Laurence Zellner en est convaincue : « Ces jeunes sont des diamants bruts, à nous de les tailler pour qu'ils brillent ».

mag 173

Article issu du n°
173
de Côtes d’Armor magazine

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