Emmanuel Pajot : Pop-culture bien huilée

Depuis 10 ans, Emmanuel Pajot est artiste peintre professionnel. Dans son atelier briochin, il développe un univers dense et influencé par la pop-culture. Ses toiles s’exportent aujourd’hui bien au-delà des frontières bretonnes.

  • « J’ai toujours porté en moi cette envie de devenir peintre », annonce d’emblée Emmanuel Pajot, en nous ouvrant les portes de son atelier, situé dans les quartiers nord de Saint-Brieuc. C'est à Rennes, où il est né, que remontent les premiers souvenirs de cette fascination pour la peinture. « Mon père reproduisait des œuvres de grands maîtres. Sur l’une d’entre elle, de Modigliani, il m’avait autorisé à peindre les lèvres du personnage », se souvient l’artiste en nous montrant cette toile accrochée sur l’un des murs. Alors étudiant dans les années 90, il fréquente le milieu artistique rennais, mais décide de garder au chaud sa passion. En effet, c’est d’abord vers le journalisme radio que s’oriente Emmanuel Pajot, pendant plus de dix ans. En poste à Saint-Brieuc, il continue de peindre chez lui. « Mais je savais qu’un jour je me lancerai pour de bon. Il fallait juste que ce soit le bon moment. On entraîne sa famille derrière soi, et devenir artiste est aussi un choix de couple ».

    Une première vie de journaliste

    En 2012, Emmanuel Pajot tourne définitivement la page du journalisme, et décide d’installer son atelier dans l’appartement qu’il loue encore aujourd’hui. Un atelier à l’image de ses toiles, saturé, de couleurs, d’affiches, de bouts de textes, de matériel... Ce choix « radical », l’artiste néo-pop ne le regrette en rien, même si vivre de sa peinture reste financièrement fragile et réclame un suivi rigoureux. « Je me dégage une à deux journées administratives par semaine pour gérer la comptabilité, le suivi avec les galeries... et j’anime des ateliers scolaires ou adultes ». Le reste de son temps, il le consacre à créer ses œuvres, denses, vives et foisonnantes, aux influences issues du street-art, du pop-art, de la bande dessinée et plus largement de la pop-culture. Des toiles souvent travaillées à partir de panneaux d’affichage glanés dans les rues, qu’on sent agitées par notre société de consommation et d’informations tous azimuts.

    « L’humour est souvent considéré comme une sous-culture »

    Dans son univers, graffs, logos de marques, super-héros, icônes de dessins animés, côtoient des bribes de messages politiques ou des références littéraires. De nombreux symboles et références qui semblent comme projetés sur ces toiles, réalisées à la peinture à l’huile, et desquelles semblent jaillir autant une urgence à dire qu’une sensation de vitesse et d’agitation. De gaieté aussi, ce que revendique volontiers l’artiste : « L’humour est souvent considéré comme une sous-culture, la peinture a tendance à se prendre tellement au sérieux... » Dix ans après ses débuts, son travail bénéficie d’une belle reconnaissance au niveau local et dans le milieu artistique. Pour preuve, de nombreuses galeries, salons et foires d’art contemporain, à Paris, Lille, Nice, Bordeaux ou encore Londres ont déjà exposé ses toiles. Des peintures qu’il continuera de créer, coûte que coûte, et toujours à plein tube.

    Quelques oeuvres d'Emmanuel Pajot

     

     
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Article issu du n°
174
de Côtes d’Armor magazine

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