Interview

Antoine Duléry

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    • Quel est votre lien avec les Côtes d’Armor ?
      Pour moi, les Côtes d’Armor, c’est l’île de Bréhat. Jusqu’à mes 22 ans, j’y ai passé toutes mes vacances dans la maison de mes grands-parents. Ma grand-mère était originaire de Saint-Brieuc, ma mère est née à Saint-Brieuc. J’ai mes racines ici en Côtes d’Armor. Il y a 20 ans, j’ai acheté une maison à Bréhat. Une fois sur l’île, j’y suis tellement bien que je ne bouge plus beaucoup.
       
    • Que ressentez-vous quand vous venez sur l’île de Bréhat ?
      De la sérénité. Le paysage est magnifique, c’est le pays des roches roses.
      J’ai eu une enfance formidable, la maison familiale était face à la mer, je traversais le champ et j’allais me baigner avec mes cousines. Pour moi, Bréhat, c’était synonyme de liberté, on sortait le soir à vélo, je faisais du dériveur…
       
    • Venez - vous souvent sur l’île?
      Je viens dès que je peux et toute l’année. J’aime venir de plus en plus souvent, car je me coupe de tout. C’est là où j’apprends mes textes, où je répète, où j’écris. Je lis beaucoup quand je suis ici, les heures sont différentes, le temps est différent. Dans ce lieu magnifique, il y a une sérénité exceptionnelle qui m’inspire, qui est propice à l’écriture. C’est un peu comme une retraite. Quand je prends la vedette, j’ai l’impression de tout laisser derrière moi, j’adore cette idée d’être coupé du monde, sans voitures. Quand j’étais petit, mes grands-parents n’avaient d’ailleurs ni la télé ni le téléphone, il y avait un côté replié sur nous-même.
       
    • Que représente l’île de Bréhat pour vous en janvier-février ?
      C’est une période que j’aime beaucoup. Je viens souvent le 31 décembre, car j’adore passer le réveillon et commencer l’année ici. L’hiver, les couleurs sont magnifiques. Je trouve qu’il faut vivre la Bretagne intensément et en hiver, c’est là qu’on voit la vraie Bretagne et qu’on vit au rythme des vrais Bréhatins.
       
    • Comment est venue votre vocation pour le métier d’acteur ?
      Enfant, sur l’île, quand je faisais du dériveur, je récitais du Racine et vers l’âge de 14-15 ans, je faisais déjà rire mes copains. J’étais très timide et ma façon d’exister, c’était de faire rire les gens. Je me suis dit que j’avais peut-être une vocation. Je voulais être acteur de cinéma, je voulais être Belmondo. En 1978, je suis allé au cours Florent et tout a démarré.
       
    • Vous faites également de l’imitation, comment cela est venu ?
      J’ai commencé l’imitation tout petit. J’imitais tous les gens du cru, ceux de l’île. C’est également ce qui m’a amené à vouloir faire rire les gens et à devenir acteur. Très tardivement, à 50 ans, j’ai fait un spectacle et j’ai écrit un livre qui s’appelle Imitacteur, un mélange du mot imitateur et acteur, car je suis un peu les deux. J’aime bien imiter Michel Serrault, Jean-Paul Belmondo...
       
    • Avez-vous une préférence pour la comédie ou le dramatique ?
      J’ai fait beaucoup de comédie, car je suis associé à Camping, mais j’aime de plus en plus les rôles dramatiques. J’aime tous les genres. Pour moi, c’est ça être comédien. Je n’ai jamais voulu être enfermé dans un seul genre. 
       
    • Quelle est votre actualité ?
      J’écris en ce moment une pièce de théâtre. J’ai également tourné récemment en Bretagne, un téléfilm qui s’appelle L’île prisonnière. Dès qu’on tourne en Bretagne, je suis le plus heureux du monde. J’ai joué à Perros-Guirec dans le téléfilm Avis de tempête, ou encore au château de Quintin, dans l’un des épisodes des Petits meurtres d’Agatha Christie.

    Ah si j’étais...

        • Un lieu - L’île de Bréhat. Mes racines sont ici. C’est l’île de mon enfance, de mon adolescence, celle de mes grands-parents et mes parents.
        • Une idole - Jean-Paul Belmondo. Vingt-sept ans d’amitié. C’est mon idole, mon maître que j’ai tendrement aimé jusqu’au bout.
        • Un monument - La Croix des Veuves à Ploubazlanec. C’est l’endroit où les femmes attendaient le retour de leurs maris pêcheurs d’Islande. Mon arrière-arrière-grand-père était pêcheur d’Islande et sa goélette n’est d’ailleurs jamais revenue.
        • Un super pouvoir - Revenir dans le passé et retrouver ceux que j’ai aimé. À la recherche du temps perdu.
        • Une personnalité - Louis Guilloux, un grand auteur qui a écrit Le Sang noir, un livre formidable.
        • Une émotion - La mélancolie. Je suis une personne assez mélancolique. Je trouve que c’est une douleur qui nous fait du bien. 
        • Un objet du quotidien - Un tire-bouchon pour ouvrir de bonnes bouteilles.
        • Une chanson - Rockollection de Laurent Voulzy. À l’âge de 18 ans, je dansais dessus avec mes copains sur la plage du Guerzido (à Bréhat).
        • Une citation - "La mort ne m’aura pas vivant", de Jean Cocteau.
        • Un mot - La Fantaisie. C’est à la fois drôle et ça peut aussi être profond. 
        • Un souvenir en Côtes d’Armor - Moi enfant sur un optimist à l’île de Bréhat.
        • Une saison - L’été. Pour moi, ça représente l’enfance, la jeunesse, les copains, Bréhat, le bateau, les boums. L’été long, l’été indien de Joe Dassin.
        • Un plat - Un plateau de fruits de mer.
        • Un paysage - Une forêt en automne pour cueillir des cèpes.