Interview

Elisabeth Margoni

Pour le magazine Côtes d'Armor d'Avril 2024, Elisabeth Margoni s'est prêtée au jeu du portrait chinois. Une occasion pour nous de l'interviewer et de connaître un peu plus cette actrice qui vit à Ploubazlanec.

    • Quel est votre lien avec les Côtes d’Armor ?
      J’ai passé mes vacances d’été à l’Abbaye de Beauport à Paimpol de 1952 à 1977. Ma mère y louait une petite maison dont elle connaissait le propriétaire. C’était un vrai terrain de jeu, avec mes copains, on jouait à cache-cache, aux fantômes. On avait même fait un club de jeu en haut des barriques où était stocké le cidre. Mon autre lien avec les Côtes d’Armor, vient de mon mari Yves Beneyton, lui-même acteur, que j’ai rencontré lors du tournage d’un film en 1982. Ses parents possédaient une maison à l’Arcouest, qui appartenait à son grand-père et dans laquelle on est installés depuis 4 ans.

       

    • Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
      J’ai commencé le théâtre à 16 ans et demi dans un cours privé. Je suis ensuite allée à l’école de la rue Blanche qui s’appelle aujourd’hui l’École Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, avant de poursuivre au Conservatoire de Paris. J’ai eu un premier prix puis j’ai fait des téléfilms, beaucoup de théâtre…

       

    • Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ?
      J’aime bien les deux. Le cinéma ou les téléfilms, ce n’est pas le même métier que le théâtre. J’ai adoré jouer au théâtre, mais cela demande plus d’investissement, car il faut se préserver toute la journée pour jouer le soir. Pour le cinéma, j’ai mis plus de temps à comprendre comment cela fonctionnait. Au théâtre, tu joues avec ton partenaire, pas forcément en face du public alors qu’au cinéma, il faut jouer face à la caméra.

       

    • Quelle est votre actualité au théâtre et au cinéma ?
      La dernière pièce de théâtre que j’ai jouée, c’était Sorti de scène avec Guy Bedos et pour laquelle j’ai été nominée aux Molières dans la catégorie meilleur second rôle féminin en 2005. Récemment, j’ai tourné dans la série Un si grand soleil sur France 2. C’était très plaisant, mais j’ai arrêté, car cela me prenait beaucoup de temps. Le voyage Paimpol - Montpellier est long pour tourner seulement deux ou trois scènes. En décembre dernier, j’étais à l’affiche du film Ma France à Moi  de Benoît Cohen avec Fanny Ardant. Une actrice très charmante.

       

    • Êtes-vous beaucoup sollicitée pour tourner ?
      Plus beaucoup maintenant, car il faut aller sur Paris pour faire des castings. Avec mon mari, on fait des spectacles de poésie aux alentours de Paimpol et puis je m’occupe aussi d’exposer la peinture de ma mère, Denise Margoni.

       

    • Vous avez toujours voulu être actrice ?
      Au début, je voulais être danseuse, mais j’ai arrêté la danse quand j’avais 12 ans. J’ai toujours adoré les mots, la poésie. J’ai été chez les sœurs dominicaines à l’école, je passais mon temps à réciter des textes et les mères dominicaines m’avaient dit : « Vous devriez être actrice ». J’ai arrêté l’école en milieu de seconde.

       

    • Dans quelle famille avez-vous grandi ?
      Mon père était italien. Il exerçait le métier de cordonnier bottier. Il s’est mis à faire de la peinture naïve. Toutes ses œuvres sont d’ailleurs exposées au musée national d’art naïf de Vicq-sur-Breuilh. Ma mère elle, a toujours peint. On retrouve d’ailleurs les Côtes d’Armor dans ses dessins. Mon frère, lui, est compositeur de musique classique. Il a été 1er Grand Prix de Rome en 1959. Une vraie famille d’artistes.

       

    • Est-ce que vous avez un souvenir particulier dans votre carrière à nous raconter ?
      Les acteurs avec qui j’ai joué et qui m’ont le plus impressionnée, c’est Bernard Blier, un immense comédien. Colin Firth dans Love Actually aussi. J’ai également aimé jouer avec Simone Signoret. Je me rappelle qu’elle était restée des heures sur un tabouret pendant toutes mes scènes pour me donner la réplique. Et puis il y a Jean-Paul Belmondo, il était adorable.

       

    • Est-ce que parfois vous appréhendez de jouer avec certaines ou certains acteurs ?
      Avec Jean-Paul Belmondo, j’avais vraiment le tract. Le premier film que j’ai fait avec lui, c’était le corps de mon ennemi. Il m’a dit : « Alors ma p’tite Margoni vous avez le tract ? Mais faut pas… ». Lors du tournage de la scène que l’on jouait ensemble, il a bafouillé et m’a dit : « Tu vois, ça arrive à tout le monde ». Il avait fait ça pour me décontracter.

       

    • Que faites-vous en dehors des tournages ?
      Je m’occupe de la peinture de ma mère avec mon fils qui a créé le site internet www.denise-margoni.fr. Je fais également partie de l’association Armor Philharmonique & Amis de la Culture qui organise chaque année le festival de musique classique, Pierres Paroles et Musiques et dont je suis la marraine. Dans le cadre du festival, nous avons également proposé en 2023 notre spectacle de poèmes L’amour dans tous ses états avec mon mari et mon fils Aurélien.

    Ah si j’étais...
    Un monument en Côtes d’Armor - L’Abbaye de Beauport à Paimpol. J’y ai passé toutes mes vacances d’enfance. C’était un vrai terrain de jeu.
    Une musique – Le sacre du Printemps d’Igor Stravinsky. 
    Un film - Autant en emporte le vent. Ma mère m’avait emmenée voir ce film quand j’avais 15 ans. C’est tellement romantique que j’ai beaucoup pleuré. Le film Funny girl avec Barbara Streisand m’a aussi marqué. J’y ai vu tout ce que je voulais faire dans le métier.
    Un souvenir en Côtes d’Armor – La plongée en apnée avec mon mari près de l’île Saint-Riom. C’est différent des Maldives, c’est un peu moins chaud, mais c’est magnifique.
    Un livre - Histoire d’une âme de sainte Thérèse de Lisieux. Ce livre m’a profondément changée. Et les livres de Boris Cyrulnik, notamment son travail sur l’épigénétique qui m’intéresse beaucoup.
    Un paysage – Les Dolomites en Italie. Ces montagnes rocheuses sont très belles. Mon père était d’Italie du Nord.
    Un plat – Les pâtes à la carbonara.
    Un personnage – Ruy Blas de Victor Hugo. C’est rare les très beaux monologues de femme dans le théâtre et moi, j’ai toujours voulu jouer Alceste dans Le Misanthrope ou Ruy Blas, ces personnes révoltées.
    Une citation – C’est sur l’amour qu’il vous fera compter de Saint-Jean de la Croix qui a écrit des poèmes extraordinaires.
    Une émotion - Le rire, c’est curatif.
    Un mot - Amour.
    Un objet - Mon sécateur japonnais, ça coupe très bien. J’aime beaucoup jardiner.

Article issu du n°
197
de Côtes d’Armor magazine

Découvrir cette édition