Interview

Dominique de Saint Mars

Pour le magazine Côtes d'Armor de janvier 2024, Dominique de Saint Mars s'est prêtée au jeu du portrait chinois. Une occasion pour nous de l'interviewer et de connaître un peu plus l'autrice de la célèbre collection "Max et Lili".

    • Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
      J’ai fait des études de sociologie que je n’ai pas terminées. J’ai ensuite trouvé du travail dans le journal pour enfants Astrapi. Cela a été la chance de ma vie, car c’est un journal formidable qui m’a permis d’apprendre à écrire pour les enfants, d’essayer de les aider à se sortir des situations difficiles, et surtout de dire ce que j’avais sur le cœur. J’ai eu un contexte familial très compliqué avec une mère orpheline et un père orphelin de père. J’ai un frère et une sœur qui avaient des problèmes psychiques. Plus tard, mon frère s’est d’ailleurs suicidé. Il y a eu le divorce de mes parents qui a beaucoup cassé la famille. J’ai donc eu une enfance sans père et avec une mère assez seule… C’est sans doute tout cela qui a fait de moi une écrivaine. 
      Dans l’écriture d’Astrapi, je me suis servie de ce dont ma famille avait souffert. Et c’est également la vraie raison de la création de Max et Lili.
       
    • Comment est née la collection Max et Lili ?
      Chez Astrapi, j’ai travaillé avec Pascale Gallimard, rédactrice en chef adjointe, avec Bernadette Despres, qui est la dessinatrice de Tom-Tom et Nana et j’ai également écrit quelques livres avec Serge Bloch qui était rédacteur en chef visuel. J’y ai tout appris et au bout de 16 ans, j’ai décidé de partir. J’ai alors eu l’idée de créer cette collection de BD Max et Lili avec Serge Bloch. Je voulais que ça soit lui l’illustrateur. Il a fallu coller à ce que ressentent les enfants pour leur donner une façon heureuse d’être au monde. Pour qu’ils comprennent les choses d’abord et qu’ils transforment le triste en drôle et en intelligible, qu’ils puissent agir de façon intéressante et en parler avec les parents, les copains. Je voulais faire une bande dessinée avec des vraies paroles et les situations sont réelles. Avec cette BD, on peut revivre les situations difficiles confortablement installé dans son lit. On comprend la vie, on apprend à se défendre et à appréhender les situations que l’on peut être, un jour, amené à rencontrer. Et lorsque ce jour arrive, on est plus fort, car on y a déjà réfléchi. En fait, c’est de la prévention.
      Et puis Max et Lili, c’est aussi une belle histoire d’amour car, aujourd’hui, mon mari m’aide, mais c’est également une belle histoire d’amitié, car je suis très amie avec Pascale et Christian Gallimard et avec Serge Bloch, ami depuis 40 ans.
       
    • D’où vous vient votre inspiration et comment se construit votre BD Max et Lili ?
      Mon inspiration vient de la vie de tous les jours, de mon enfance, des enfants que je rencontre dans les classes, les bibliothèques, de l’actualité, des émotions, des tristesses des enfants. J’ai fait 4 livres sur les parents divorcés, car c’est malheureusement l’actualité et les enfants en souffrent. Ces livres permettent de les accompagner dans la difficulté à vivre cette situation. J’essaie de ne pas faire trop de sujets difficiles à la suite et d’alterner des sujets difficiles avec des sujets plus heureux, comme par exemple Max a la passion du foot... Et les questions qui sont à la fin du livre permettent d’échanger avec les enfants.
      J’ai choisi Serge Bloch pour l’illustration, car je trouve que son dessin est miraculeux et drôle. Il sait traduire une émotion comme ça, d’un coup de crayon. Je lui donne un scénario très abouti en décrivant les images, les expressions des visages, les comportements, la taille de l’image dans la page et les bulles.
       
    • Quel est votre lien avec les Côtes d’Armor ?
      Mon lien avec les Côtes d’Armor, c’est Saint-Jacut-de-la-Mer. Mon mari y a passé son enfance et moi, j’ai tout de suite aimé. J’adore y être, j’aime cette presqu’île entourée de la mer, l’archipel des Ebihens qui est très sauvage encore, la nature et les rochers avec des formes incroyables, et puis il fait beau plusieurs fois par jour. J’aime bien la force des personnes aussi, ils sont très aventureux. J’essaye d’y aller le plus souvent possible. C’est mon pays d’adoption car, moi, ma famille est du sud.
       
    • Quelle est votre actualité ?
      Actuellement, je viens d’écrire le numéro 133 sur les personnes à haut potentiel intellectuel
      : Max et Lili se demandent s’ils sont intelligents. Il y a également des produits dérivés éducatifs, des cahiers de vacances, des guides d’éducation morale et civique pour les profs qui sont utilisés dans les écoles, des cahiers de soutien en math et français, des jeux de société, le carnet des émotions, le cherche et trouve…. Et puis bientôt, on pourra trouver sur le site internet de Gallimard, une application où on pourra lire les livres dans toutes les langues avec l’audio.
      Je fais également des podcasts…

     

     

     

Article issu du n°
196
de Côtes d’Armor magazine

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