Environnement

Des sentinelles veillent sur le littoral

Marie Le Scanve, garde du littoral et animatrice. Depuis la Maison du littoral où elle travaille, la vue sur le phare de Min-Ruz et cette belle demeure familiale de 1892, est à couper le souffle (photo DR).
Marie Le Scanve, garde du littoral et animatrice. Depuis la Maison du littoral où elle travaille, la vue sur le phare de Min-Ruz et cette belle demeure familiale de 1892, est à couper le souffle (photo DR).

Dans les Côtes-d'Armor, 22 gardes du littoral veillent sur la faune et la flore des sites du Conservatoire, tout en menant des actions de sensibilisation à l'environnement très appréciées des locaux et des visiteurs. Rencontre avec Marie Le Scanve à la Maison du littoral de Ploumanac'h (Perros-Guirec).

  • Comment devient-on garde du littoral ?

    Pour ma part, j'ai fait des études de langues, puis l'Ecole supérieure de tourisme d'Angers. Le contenu des études incluait pas mal de géographie, d'étude du paysage… Aujourd'hui, un bac pro Gestion des milieux et de la faune sauvage, suivi d'un BTS Gestion et protection de la nature, et éventuellement d'une licence, sont la voie royale.

    Quelles compétences sont nécessaires à l'exercice de votre métier ?

    C'est un métier généraliste. Il faut se former à la géologie, la faune, la flore… se renseigner auprès de botanistes, d'ornithologues, d'historiens… L'objectif est de parvenir à les traduire pour les différents publics, les scolaires en particulier. Sont également nécessaires : une bonne mémoire et une bonne condition physique, une sensibilité aux milieux afin de faire passer cette idée qu'il est important de se reconnecter à la nature. La demande du public va bien au-delà de l'information : on peut aussi montrer un chemin vers une prise de conscience, des possibilités d'évoluer individuellement.

    Comment est rythmée votre année  ?

    Elle est surtout rythmée par des animations autour de la nature et du patrimoine – la carrière de granite rose par exemple – pour les familles, parfois pour des groupes ; le plus souvent pour des élèves de primaire et de collège. Pour ces derniers, ce sont des cycles de deux ou trois demi-journées thématiques par classe inscrite. Géologie, éveil à la biodiversité marine… C'est très varié, selon la demande des enseignant.es. Mais aussi la formation de nos apprenti.es et de nos jeunes en service civique.

    Chaque année, j'anime une trentaine de chantiers nature pour des bénévoles passionné.es. Par ailleurs, nous menons quatre chantiers d'équipe par an, avec nos BTS en alternance et nos services civiques.

    Et au quotidien ?

    Mon secrétariat me prend un temps fou : demande de renseignements en tout genre, pour des tournages de films, des shootings photo, des prises de vue par drone, les rencontres avec nos associations, artistes et guides partenaires, la liaison avec la mairie… Je profite de mes permanences à l'accueil pour avancer dans la gestion de mes courriels, quand il n'y a pas trop de monde !

    La Maison du littoral dispose d'un bel espace pédagogique. Comment l'animez-vous ?

    Nous proposons trois expositions par an. En ce moment par exemple, je travaille à une prochaine expo sur l'architecture balnéaire. Cet hiver, nous accueillons une autrice en résidence avec qui nous proposerons des actions culturelles. Pour moi, il est important d'amener de la littérature ici. Il faut se souvenir que ce site a été "découvert" par des peintres… mais protégé par des hommes de lettres. Nous avons besoin des mots pour transmettre !

    La diplomatie fait-elle partie de ces compétences ?

    Bien sûr ! Je suis patiente… et lente ! Diplomate également. Cette année, nos capteurs ont enregistré davantage de monde. Habituellement, autour de 800 000 personnes visitent le site. Nous approchons les 900 000.

    Cette densité impose des règles, afin que tout le monde puisse profiter de ces espaces magnifiques dans de bonnes conditions. Cet été par exemple, nous avons été dépassés par un afflux de vans. Un matin, nous en avons dénombré une cinquantaine sur le parking de 2 000 m². A raison de trois personnes par van en moyenne, les besoins de chacun trois fois par jour laissés à l'air libre avec le papier, les déchets des repas de 150 personnes… L'éducation à la nature est importante. Acheter un van ne signifie pas que l'on achète le comportement qui va avec !

    Des gardes du littoral ont des pouvoirs de police. Est-ce votre cas ?

    Je n'ai pas l'âme d'un shérif [rire] ! A Ploumanac'h, nous sommes trois titulaires, avec des jeunes saisonniers l'été. Seul Quentin Le Hervé est assermenté. En théorie, il peut verbaliser certains comportements. Dans les faits, je crois qu'il a dû dresser un seul procès-verbal. Reste qu'il est indispensable de faire respecter les arrêtés sur un site naturel protégé.

    Qui est votre employeur ?

    C'est une sorte de double tutelle : c'est la commune de Perros-Guirec qui m'emploie comme garde-littoral animatrice depuis 1997. Mon chef, c'est la mairie ; et mon chef spirituel, c'est le Conservatoire du littoral ! Le Conservatoire, c'est une philosophie, un horizon. C'est lui qui rend mon métier passionnant !

  • Des lieux d'accueil et d'information

    Maisons du littoral ou de l'estuaire, leur vocation est la même : l'accueil et l'information du public, mais aussi des actions de protection et de préservation des sites.
    Outre celle de Perros-Guirec, les Côtes-d'Armor en comptent trois, entretenues et gérées par le Conservatoire du littoral.

    48 rue du Sillon-de-Talbert
    22610 Pleubian
    02 96 16 54 67
    maison-littoral-pleubian@orange.fr

    Castel Meur
    22820 Plougrescant
    02 96 92 58 35
    maisondulittoral@lannion-tregor.com

    Traou Nez
    22860 Plourivo
    02 96 55 96 79
    maison.estuaire@guingamp-paimpol.bzh

    Ouverte depuis 1997, la maison du littoral de Ploumanac'h (Perros-Guirec) aurait besoin de moderniser sa muséographie. C'est en projet (photo DR).
    Ouverte depuis 1997, la maison du littoral de Ploumanac'h (Perros-Guirec) aurait besoin de moderniser sa muséographie. C'est en projet (photo DR).
    Ouverte depuis 1997, la maison du littoral de Ploumanac'h (Perros-Guirec) aurait besoin de moderniser sa muséographie. C'est en projet (photo DR).

Article issu du n°
183
de Côtes d’Armor magazine

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