Patrimoine

Galette saucisse : l'incontournable délice

Buvette du match Rennes-Reims, Charles Barmay, Rennes, 4 février 1962. Crédit : CC By NC - Collection Musée de Bretagne, Rennes

Il s’y bousculent des étudiants fauchés, des familles pressées, des travailleurs affamés, des touristes intrigués... En Haute-Bretagne, les stands de galettes-saucisses ne désemplissent jamais !

  • Galette-sauccise sur le marché de Saint-Brieuc
    Galette-sauccise sur le marché de Saint-Brieuc. Photo : Thierry Jeandot

    Cela fait des décennies que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter. La galette-saucisse trône en tête du palmarès des casse-croûtes armoricains. Bon marché, conviviale, facile à déguster (si possible debout et en se léchant les doigts !), c'est la star des marchés, kermesses et autres rassemblements festifs du territoire gallo. Une spécialité bien locale, qui s'exporte rarement à l’Ouest de la ligne Saint-Brieuc/Vannes... même si l’impertinente, aujourd’hui, ne résiste plus à des incursions de plus en plus fréquentes hors des frontières « officielles », notamment les soirs de match au Roudourou.

    Mais d'où nous vient cette passion brûlante pour la galette-saucisse ? Sans doute faut-il puiser ses origines dans nos traditions paysannes les plus profondes... Sous l’Ancien Régime, le sarrasin est assidûment cultivé en Bretagne et propulse la galette « de blé noir » comme denrée alimentaire de base, consommée en guise de pain. La saucisse, elle, serait apparue encore plus tôt, dès l’Antiquité, importée en Gaule par les troupes de Jules César. Une spécialité vite adoptée sur un territoire où la production porcine fera vivre, plus tard, tout un pan de l’économie rurale.

    Une tradition toujours très actuelle

    Rien d’étonnant donc à ce que ces deux incontournables aient fini par se marier ! Dès le 19e siècle, on commence à garnir la galette de lard, de pâté puis – enfin ! – de saucisse. La spécialité s’invite peu à peu dans les fêtes de village et devient le « must-have » des rassemblements en tous genres.
    Loin de s’être démodée avec les années, la galette-saucisse surfe sur une popularité sans faille. Si les Rennais lui consacrent un hymne (le célèbre « Galette-saucisse je t’aime ») et une association de sauvegarde, les Costarmoricains rivalisent de créativité autour du savoureux « hot-dog ». C’est ainsi que le Trédanielais Jean Rouxel décrochera en 2011 le concours Lépine pour son barbecue capable de griller 900 saucisses par heure. Que la société Ty Bocal de Loscouët-sur-Meu développera une surprenante galette-saucisse en bocal, élue « Saveur de l’été 2017 ». Ou encore que les éditions langrolaisiennes du Coin de la Rue consacreront à l’emblème gallo un ouvrage tout entier, écoulé à 6000 exemplaires... Aujourd’hui, la galette-saucisse est mise à l’honneur dans l’exposition « Et vous, êtes-vous plutôt crêpe ou galette ?», à découvrir à l’abbaye de Léhon jusqu’au 30 septembre. Une question que les inconditionnels de la galette-saucisse n’auront aucun mal à trancher !

septembre - octobre 2020

Article issu du n°
176
de Côtes d’Armor magazine

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