Interview

Gilles Servat

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    • Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
      J’étais aux beaux-arts, et je me suis mis à chanter du Brassens, du Ferré. En 1969 pendant les vacances de Pâques, j’ai été invité sur l’île de Groix par un groisillon. Il m’a emmené dans un hôtel-restaurant tenu par Claude Pouzoulic qui, après chaque repas, chantait avec sa guitare. Un jour, il m’a entendu chanter et m’a proposé de m’héberger et de chanter chez lui tout l’été. À la fin des vacances, je suis retourné à Paris. Et puis un jour, je suis allé dans un bistrot à Montparnasse qui s’appelait « La ville de Guingamp ». Une personne y jouait de la guitare. Je lui ai emprunté l’instrument et j’ai chanté. Ce jour-là, il y avait le patron du restaurant Ti Jos qui m’a dit : « Si tu veux, tu viens chez moi et tu chantes. » Par la suite, j’ai arrêté les beaux-arts, car dans les galeries, je ne me sentais pas assez libre. Ce que j’aimais dans la chanson c’est que personne ne me disait ce que j’avais à dire. Je chantais ce que je voulais. Puis tout s’est enchaîné, j’ai été invité au festival des cornemuses à Brest, j’ai participé au premier Festival Interceltique de Lorient en 1971. J’étais en première partie de The Dubliners. On a décidé de faire un disque et on a enregistré notre premier 33 tours à Dublin.
       
    • Quel est votre lien avec les Côtes d’Armor ?
      La première fois que je suis venu dans les Côtes d’Armor, c’était avec mes parents. On avait campé pendant un mois à Trestraou. C’est là que j’ai découvert la Côte de Granit Rose, un endroit dont la beauté m’a toujours enchanté. René Le Marer, qui m’accompagnait à la contrebasse, habitait à Trégastel, donc j’y ai passé beaucoup de temps. Cet endroit est très émouvant pour moi. Mon autre lien avec les Côtes d’Armor, c’est la maison de disques Kelenn à Saint-Brieuc, que l’on a montée avec Gwenc’hlan Le Scouezec et Xavier Grall. C’est là que j’ai enregistré mes premiers albums. C’est aussi là que j’ai rencontré Serge Kerguiduff également. J’ai toujours travaillé avec des Costarmoricains. Mon pianiste, Philippe Turbin, habite à Boqueho. Pour mes 50 ans de carrière, Michel Toutous, qui vit à Saint-Brieuc, a écrit ma biographie publiée par les éditions Ouest-France. J’aime beaucoup les Côtes d’Armor, le Cap Fréhel, Lamballe...
       
    • Quel âge à votre public ?
      Il y a tous les âges, dont des jeunes qui viennent avec leurs parents. Et puis tout le monde connaît La Blanche Hermine. Pour moi, c’est une grande émotion de chanter devant le public.
       
    • Quels sont les souvenirs qui vous ont marqué en Côtes d’Armor ?
      Mon séjour chez Anjela Duval, en 1973, à l’invitation de Yann-Ber Piriou. J’ai mis en musique certains de ses poèmes. Dans beaucoup d’endroits, la langue bretonne était en train de mourir, mais pas chez Anjela Duval. C’était une paysanne, qui nous impressionnait par son savoir. Et la deuxième chose qui m’a marqué, c’est la grève du Joint Français qui a bousculé les choses et a apporté beaucoup de changements en Bretagne.
       
    • Quelle est votre actualité ?
      Dans les Côtes d’Armor, le 23 juillet, il y a un concert pour la Fête des Vieux Gréements à Ploumanac’h. Nous serons en trio, moi, Philippe Turbin, mon pianiste, et Patrick Audouin à la guitare. Et à la salle Bleu Pluriel de Trégueux, les 25 et 26 août, je chanterai entouré de 300 choristes, spectacle organisé par la Compagnie Anatole.