Interview

Ilene Barnes

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Pour le magazine Côtes d'Armor de novembre-décembre, Ilene Barnes, s'est prêté au jeu du portrait chinois. Une occasion pour nous de l'interviewer et d'en connaître un peu plus sur cette artiste à la voix hors norme.

    •   Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

    Je suis née aux États-Unis, à Détroit dans le Michigan. Pour des raisons professionnelles, pour le travail de mon père, nous avons déménagé au Suriname qui est anciennement la Guyane hollandaise. J’avais un an. Nous y sommes restés de nombreuses années puis ensuite, nous sommes allés en Barbade, en Jamaïque, en Argentine, au Pérou, sur la côte ouest de l’Afrique. Entre-temps, j’ai commencé à écouter énormément de musique. La musique était partout entre l’Amérique du Sud et les îles. Dans ces pays-là, tes parents te donnaient un instrument de musique pour avoir la paix dans la maison. C’est comme ça que j’ai commencé la musique et c’est une bonne sœur qui m’a appris la guitare, à l’oreille, sans solfège. Le mélange des différents pays, instruments, styles, chanteurs et musiciens m’a énormément influencée au niveau de ma musique, de ma vie et ma culture.

    •  Comment êtes-vous arrivée en France ?

    J’étais à New York et à la radio, il y avait un jeu pour gagner des billets pour la France. Je connaissais la réponse, j’ai appelé et j’ai gagné deux billets. Et donc je suis venue en France.

    •  Qui admirez-vous comme chanteur français ?

    Monsieur Brel. C’est le premier qui me vient en tête. Jacques Brel était le Français le plus connu aux États-Unis donc je l’ai beaucoup écouté. Je commence également à écouter Barbara et j’aime bien aussi Grand Corps Malade, j’adore ses textes. Mais même si je vis ici en Côtes d’Armor depuis un moment, je suis beaucoup plus imprégnée par la culture anglophone. Peut-être parce que j’écris toujours mes chansons en anglais.

    •  Comment avez-vous découvert les Côtes d’Armor ?

    Le premier concert que j’ai fait en dehors de Paris, c’était à Perros-Guirec. J’avais hâte de venir en Bretagne car quand j’ai appris le français au lycée, la professeur nous avait parlé de l’agneau de Prés Salés de Saint-Malo et donc je voulais venir en Bretagne pour en manger. Bon, je n’en ai pas trouvé à Perros-Guirec mais je suis restée une semaine en Côtes d’Armor et j’ai passé un moment incroyable, les paysages m’ont provoqué une émotion très forte. Je jouais de plus en plus en Bretagne comme aux Vieilles Charrues, à Saint-Brieuc, à Binic... Et à chaque fois que je venais, je tombais de plus en plus amoureuse de la région. Le côté nordique, celte me rappelait la mentalité du Suriname : des gens directs, francs et c’est quelque chose que j’apprécie. J’ai donc cherché une maison pour m’installer et j’en ai trouvé une dans la région de Saint-Brieuc. Cela fait 5 ans maintenant que je vis ici et j’adore les Côtes d’Armor. La côte sauvage est magnifique, je ne m’en lasse pas.

    •  Quelle est votre actualité ?

    J’ai écrit la musique de la pièce de théâtre « I am Karen ». C’est une pièce de théâtre sur la vie de Karen Blixen qui a écrit Out of Africa. Je ne connaissais pas cette pièce donc la metteuse en scène, Hélène Grange a restructuré la pièce pour que je joue dedans. J’incarne Odetta. C’est une personne qui est considérée comme LA chanteuse noire américaine qui a écrit la musique folk. Je récite les textes du discours « I have a dream » de Martin Luther King. J’ai écrit une chanson basée sur le rêve de Martin Luther King, sur un monde meilleur. On espère pouvoir amener cette pièce en Bretagne.
    J’écris, je compose et je prépare la production d’un film d’animation « Sounds of Freedom également.

  • Ah si j'étais...

    Un lieu - Paradise Heights en Barbade. C’est là où j’ai grandi. Il y avait une vue sur mer magnifique et chaque jour je prenais le thé avec ma mère et je regardais le coucher de soleil. C’était paisible, ça me calmait, ça me faisait rêver. C’est aussi là que j’écrivais quand je me sentais inspirée.

    Un animal - Warda. Une chatte de 2,7 kg que j’ai eue qui était amputée d’une jambe et qui m’ impressionnait par sa force, sa diplomatie, sa sérénité. Elle avait une personnalité calme, elle ne s’énervait jamais. Warda veut dire rose.

    Une couleur - Avant j’aurai dit pourpre et cette année c’est plutôt orange.

    Un film - Django de Quentin Tarantino

    Un livre - La Métamorphose de Kafka ou The painted bird (l’oiseau bariolé) de Jerzy Kosinski.

    Un plat - Le Rôti de Trinidad. C’est comme le pain nan au fromage. C’est du pain avec de l’agneau, du curry, des légumes, des pommes de terre. En Barbade, à la cantine on pouvait en commander. C’est un peu comme une crêpe mais plus épais, on le roule et ça se mange comme un sandwich.

    Une chanson - « I wish I knew how it would feel to be free ». Une chanson que j’ai entendue pendant des années, chantée par Nina Simone qui venait à la maison. Des années plus tard j’ai commencé à la mettre dans mon répertoire. Je ne connaissais pas l’histoire de cette chanson. Et un jour j’ai rencontré un couple dans un restaurant à Paris et quand ils sont venus à mon concert, la femme m’a dit : « vous savez qui a écrit cette chanson? C’est mon oncle. Et vous savez pourquoi il l’a écrite ? Pour la marche lors du discours « I have a dream » de Martin Luther King. » C’est une chanson magnifique qui parle de la liberté.

    Un instrument de musique - La guitare. Cette proximité avec l’instrument, c’est comme un bébé qu’on enveloppe dans nos bras. Il y a une telle fusion, une si forte émotion entre toi et l’instrument que parfois tu as du mal à arrêter de jouer.

    Une citation - « Yes, I can »

Article issu du n°
183
de Côtes d’Armor magazine

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