• Enfance

Ils préparent les enfants à devenir grands

Nathalie et Franck Darsel, assistants maternels à Loudéac

On leur confie nos tout-petits. Ils les accueillent chez eux et les aident à grandir en les entourant d’affection. Eux, ce sont les 5 150 assistants maternels agréés par le Département, qui contribuent chaque jour à l’éducation de nos enfants avant l’entrée à l’école maternelle.

Ce jeudi matin-là, Valentin, Elouan et Capucine prennent place du haut de leurs deux ans dans le grand monospace, direction la ludothèque de Loudéac, emmenés par Nathalie. Pendant ce temps, Marin, Anna, Yleana et Esteban, assis dans la salle de jeux colorée sur de confortables coussins, chantonnent attentivement Loup, y es-tu ? avec Franck, qui enchaîne à la guitare quelques tubes pour les tout-petits. Franck et Nathalie Darsel exercent le métier d’assistant maternel, et accueillent au total huit enfants dans leur grande longère en bordure de Saint-Barnabé, près de Loudéac. Pour offrir aux enfants les meilleures conditions d’accueil, ils ont progressivement adapté leur maison. Désormais, les enfants disposent d’un hall d’entrée, d’une salle de jeux et d’une salle de bain spécialement prévus à leur attention.

Le premier homme assistant maternel du département

Franck a su très tôt qu’il voulait exercer cette profession, dès la naissance de son premier enfant, âgé aujourd’hui de 21 ans. « Mais étant un homme, je ne pensais pas que ça allait passer ». Ancien pâtissier, il décide il y a 14 ans de se lancer, soutenu par sa femme, alors aide-soignante. Un choix audacieux : à cette époque, la profession est exercée exclusivement par des femmes dans le département. « Au début, ça n’a pas été évident de se faire accepter, les parents hésitaient à confier leur enfant à un homme », reconnaît Franck. Aujourd’hui, il assume pleinement sa fonction. Sa réputation n’est d’ailleurs plus à faire, la maison affiche complet depuis le début. Son métier, il le vit avec un enthousiasme toujours renouvelé, rejoint dans ses fonctions il y a trois ans par sa femme Nathalie.

De 7 h 30 à 19 h, un rythme trépidant

« Un métier exigeant, qui réclame une organisation quotidienne sans faille, depuis l’arrivée du premier enfant à 7 h 30, jusqu’au départ du dernier à 19 h », affirme le couple. Dans l’intervalle, des journées savamment orchestrées, entre les activités, le repas et sa préparation, les siestes, le goûter, les soins... Convaincus de la nécessité d’ouvrir les enfants sur le monde, Nathalie et Franck organisent chaque semaine des sorties, au relais d’assistantes maternelles pour les matinées d’éveil, à la médiathèque, et à la ludothèque.
« Avec un agrément pour quatre enfants chacun, on a un peu le fonctionnement d’une crèche, reconnaît Franck. Chaque jour, on propose une activité différente, que ce soit la cuisine, la peinture, le dessin, des activités de motricité ou encore la musique ». Quant aux repas, toujours variés, ils les prévoient sur la semaine. On l’aura compris, les assistants maternels s’investissent totalement dans leur travail. « On nous dit souvent qu’on en fait trop pour les enfants, mais on ne conçoit pas ce métier différemment », insiste Nathalie.

« Préparer les enfants pour l'école »

Pour eux, la mission est claire : « On est là pour les préparer pour l’école et à la vie en collectivité, pour les aider à développer leur autonomie ». Au rang des autres motivations, l’amour des enfants bien sûr, mais aussi l’énergie qu’ils véhiculent, véritable cure de jouvence pour les assistants maternels. « La plus belle reconnaissance, c’est lorsque les parents d’enfants que nous avons gardés nous remercient parce que l’adaptation à l’école se fait parfaitement ».
Et parmi les  inconvénients du métier ? « C’est un métier où on est très seuls. On doit se débrouiller par nous-même, sans tierce personne pour gérer les papiers, l’intendance », reconnaît Nathalie. Le couple regrette également que ce métier soit si peu valorisé socialement, car quelle plus noble mission que d’aider des tout-petits à grandir et s’épanouir, à trouver leur place dans ce monde ?

 

Mag n°140 - mars 2015

Article issu du n°
140
de Côtes d’Armor magazine

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