La ferme de la Villeneuve, une longue histoire

L’entreprise adaptée Ferme de la Villeneuve a été fondée par l'association Voir ensemble en 2013. À cet endroit, le Centre éducatif rural pour aveugles et déficients visuels, une école d’horticulture pour jeunes personnes déficientes visuelles, avait déjà été créée en 1956 par l’abbé Richard. L’objectif était de leur permettre de se former aux métiers agricoles. C’est ainsi qu’est né le premier établissement en France offrant cette possibilité.
Une entreprise adaptée est une entreprise du milieu ordinaire, soumise aux dispositions du Code du travail, qui a la spécificité d'employer au moins 55 % de travailleurs et travailleuses en situation de handicap dans ses effectifs de production. Ils et elles sont recrutées parmi les personnes sans emploi les plus éloignées du marché du travail. 
« S’il est évident que notre agriculture biologique a tout son sens dans ce secteur géographique, nos objectifs sont de permettre aux salariés de monter en compétences et de joindre les deux bouts économiquement, explique Jean-Marc Bacon, le directeur-adjoint. Caroline Robin, nouvellement arrivée comme responsable de l'exploitation, anime cette ambition. »
À cet égard, Ludovic, qui travaille au maraîchage et au poulailler depuis 2014, nourrit un projet pour l’avenir proche : « Je viens de la restauration que j’ai dû abandonner, rembobine-t-il. Petit, je voulais travailler dans les espaces verts ! J’aime être dehors, même lorsque la météo n’est pas terrible. J’ai trouvé une formation à Ploufragan pour travailler en milieu ordinaire, dans un poulailler. Bio de préférence ! » Ludovic est sur le point de prendre son envol.

La ferme de la Villeneuve accueille des personnes ayant des déficiences visuelles, auditives, intellectuelles et des troubles musculo-squelettiques. « Il nous arrive d’accueillir des salariés d’entreprises diverses qui ont une RQTH* du fait de la pénibilité de leurs expériences professionnelles précédentes, ajoute Jean-Marc Bacon. Ils apprécient cette ambiance assez familiale où tous les matins, on se salue, on se parle. Ils s’y plaisent ! »
Cependant, même si la qualité de la production est unanimement saluée, le modèle économique de l’entreprise adaptée est contraint par des ajustements aux situations de handicap, comme le souligne Samuel Boutrouelle, le directeur du pôle Bretagne et Normandie de Voir ensemble : « Une personne déficiente visuelle ne peut pas cultiver des carottes, qui sont trop petites et donc insuffisamment visibles lorsqu’ils faut éclaircir les rangs. On est obligés de sélectionner nos cultures en fonction des handicaps de nos salariés. »
Pour l’heure, un projet de développement est dans le viseur du site agricole, pour les trois prochaines années. « Il comporte une extension des surfaces de cultures, la valorisation de légumes et de céréales ainsi que d’autres idées que nous dévoilerons plus tard, pour ne pas nous les faire piquer ! » sourit Jean-Marc Bacon. Ces axes stratégiques, arrêtés depuis peu, sont fortement encouragés par Voir ensemble qui apporte tout son soutien financier à la ferme.

Outre la ferme de la Villeneuve, l’association nationale Voir ensemble** gère différents établissements dans les Côtes d’Armor. Il s’agit de foyers de vie ou d'accueils médicalisés (Beaubois à Bourseul, Bel Horizon à Lamballe, Service d'accompagnement à la vie sociale à Saint-Brieuc) ainsi que des dispositifs d’accueil ou d’accompagnement d’enfants, et de jeunes de 12 à 18 ans voire au-delà, en situation de handicap, notamment avec des déficiences visuelles.
Voir ensemble, dont le siège est à Paris, est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle est à la fois un mouvement et une association gestionnaire d’établissements et de services médico-sociaux. Elle compte 479 salariés et salariées à travers la France et accompagne environ 2 000 personnes.

_{^{* Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé
** Mouvement chrétien de personnes aveugles et malvoyantes}}

Tous les jeudis, Julien organise son étal de légumes sous un hangar de l'exploitation pour la vente hebdomadaire au public. Outre les œufs, et selon la saison, tomates, concombres, pommes de terre, choux, échalotes, courges, melons, patates douces… font de l’œil à une clientèle conquise par la qualité des produits. Les tâches de Julien sont multiples, du désherbage aux livraisons. « Mon travail a un aspect méditatif qui permet à mon esprit de vagabonder. » Ce qui ne l’empêche nullement de s’activer pour qu’à l’heure dite, sa présentation soit impeccable.
Vente directe tous les jeudis à la ferme,  de 16 h 30 à 17 h 45. 
205 La Villeneuve Sainte-Odile, 22640 Plénée-Jugon.