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Les rêves olympiques ajournés d’Alexandre Léauté

Alexandre Léauté
Alexandre Léauté est actuellement triple champion du monde de paracyclisme. Prochain objectif : le titre olympique ! Crédit : Céline Aujard

Multi-champion du monde paracycliste originaire de Saint-Caradec, le jeune Alexandre Léauté a vu ses rêves de consécration olympique s’envoler avec le report des Jeux de Tokyo cet été. Partie remise pour le prodige programmé pour être l’une des têtes d’affiche de Paris 2024.

  • La saison 2020 de paracycliste s’est achevée début octobre avec deux nouveaux titres de champion de France élite glanés par Alexandre Léauté la veille de ses 20 ans. Lors du contre-la-montre et de la course en ligne disputés en Savoie, le Costarmoricain a conservé ses deux couronnes avec, à chaque fois, une belle avance. « Sur le plan national j’ai encore de la marge, même si la concurrence pousse derrière. Au niveau international en revanche, c’est la grosse bagarre », commente-t-il avec ce mélange de modestie et de détermination qui le caractérise. Dominateur en France, Alexandre Léauté l’est pourtant déjà aussi hors des frontières hexagonales : champion du monde sur route en 2019, le natif de Saint-Caradec a aussi remporté début 2020 deux titres mondiaux sur piste au Canada, battant par la même occasion un record du monde du kilomètre.

    Une hémiplégie de naissance

    Au total, cela lui fait donc trois raisons de porter le liseré arc-en-ciel sur son vélo adapté à son handicap : une hémiplégie de naissance. « J’ai 95 % de puissance en moins du côté droit, signale-t-il. Avec mon bras droit par exemple, même porter une bouteille d’1,5 litre devient difficile. » Sur son engin, les deux freins et les passages de vitesse se font avec son bras gauche valide. Et tout l’effort musculaire est concentré sur ce même côté. Alexandre Léauté court ainsi en catégorie MC2, avec d’autres hémiplégiques et les amputés fémoraux. « Dans mon malheur, j’ai la chance d’avoir toujours vécu avec mon handicap, positive-t-il. J’ai été habitué depuis tout petit à me battre pour compenser. »

    « Le temps joue pour moi »

    Son enfance, Alexandre Léauté l’a passée dans la maison familiale au sud des Côtes d’Armor. Passionné de sport, le jeune garçon débute par le football. Céline Guillaume, conseillère départementale de Mûr-de-Bretagne, se souvient d’un gamin « d’un courage hors-norme », licencié en même temps que le plus jeune de ses fils au club de Saint-Caradec. « Il avait déjà un sens aigu de la compétition. C’est un exemple pour tous. » Mais c’est en cyclisme, avec le VC Loudéac, qu’Alexandre trouve la discipline qui correspond le mieux à ses capacités physiques. « Mon papa était un très bon coureur amateur, j’ai hérité de ses gènes », précise-t-il. La progression est spectaculaire depuis ses débuts sur un deux roues : premières courses (avec les valides) à 14 ans, intégration au pôle espoir national de paracyclisme à Urt, dans le pays Basque, deux ans plus tard, et premières courses internationales remportées chez les seniors dès la majorité.
    Diplômé d’un BTS en maintenance industrielle depuis l’an dernier, Alexandre se consacre désormais à 100 % au sport grâce à un contrat passé avec l’Armée des champions (ex-Bataillon de Joinville). Ses objectifs sont désormais clairement affichés : les Jeux paralympiques de Tokyo, reportés à 2021, puis les futures olympiades de Paris 2024. « J’ai vite ravalé ma déception de cet été, avec les annulations dues à la crise sanitaire : je suis encore en pleine progression et je devrais être plus fort dans les années à venir qu’actuellement. Le temps joue pour moi. »
     

Article issu du n°
177
de Côtes d’Armor magazine

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