C’est l’un des youtubeurs costarmoricains les plus suivis sur les réseaux sociaux ! À 29 ans, Alexandre Calvez est « créateur de contenus » professionnel. Grâce à ses vidéos où il teste des innovations en tous genres, il s’est construit une communauté fidèle et vit aujourd’hui de sa passion. Interviewé par Clémence, Colette et Loan, il raconte son parcours, son travail et sa vision des médias sociaux.

  • Bonjour Alexandre. Peux-tu nous expliquer qui tu es et comment tu es devenu YouTubeur professionnel ?

    Oui, bien sûr. Je suis Alexandre, j’ai 29 ans, je viens des Côtes d’Armor* et je suis créateur de contenus depuis 12 ans. Tout a commencé au lycée : je suivais pas mal de YouTubeurs, notamment dans le milieu du jeu vidéo, mais je trouvais à l’époque que la plateforme où l’on visionnait les vidéos n’était pas super adaptée. J’ai donc commencé à créer la mienne et à faire des vidéos pour l’alimenter... Ça a bien marché, alors après le bac, je suis parti à Paris pour développer ma start-up. Au final, l’entreprise s’est un peu cassé la figure mais la chaîne que j’avais créée, elle, a très bien marché. J’ai donc eu la chance de pouvoir continuer dans cette voie. Aujourd’hui, je suis spécialisé dans l’innovation : je partage et je teste des nouveautés du monde entier pour les faire découvrir à ma communauté.

    * il est originaire de Saint-Brieuc et vit aujourd’hui du côté de Binic

     

    C’est quoi, YouTube, pour toi ?

    Pour moi, c’est une plateforme qui permet à tout le monde de passer de l’autre côté de la barrière. Quand tu regardes la télévision, tu sais très bien que tu ne vas pas pouvoir devenir animateur du jour au lendemain. Alors que sur Youtube, n’importe qui peut prendre son téléphone ou une petite caméra et devenir un créateur qu’on a envie de regarder. On y voit des vrais gens, qui nous ressemblent, qui partagent leur passion et qui rassemblent des communautés autour de cette passion.

    aurélien le Calvez et les élèves interviewers devant l'hôtel du Département

    Être créateur de contenus, ça paraît simple mais c’est beaucoup de travail. Peux-tu nous raconter ?

    Alors déjà, au départ, il faut un concept, une ligne éditoriale. Cela veut dire qu’on doit déterminer de quoi on va parler et comment. Ensuite, il faut imaginer le contenu et ça, ça demande de la créativité et énormément de temps. Ça implique aussi d’apprendre à se servir du matériel : savoir utiliser la caméra, enregistrer le son, faire le montage sur l’ordi ou via une application… Ensuite il y a la publication des contenus en tant que telle – c’est presque la partie la plus simple – puis la gestion des commentaires des gens. C’est grâce aux retours de la communauté qu’on peut améliorer les contenus suivants et qu’on arrive petit à petit à construire quelque chose d’intéressant. Enfin, quand ça devient un métier, il y a toute la partie administrative à gérer : création d’entreprise, comptabilité… et bien sûr la « monétisation », car pour en vivre, il faut faire rentrer de l’argent. Finalement, être créateur de contenus, c’est aussi être entrepreneur.

    Est-ce que c’est un métier qui rapporte ?

    Oui, sinon je n’aurais pas pu continuer là-dedans ! Sur les plateformes comme Youtube, mais aussi Tiktok, Snapchat, etc. il y a un système de « monétisation » qui permet de gagner de l’argent grâce aux vidéos. Ce sont surtout les publicités qui sont diffusées avant ou pendant les vidéos qui rapportent. Le créateur de la vidéo touche environ 50 % du prix de vente de la publicité. Après, on peut aussi faire des partenariats avec des marques, qui nous payent pour que l’on parle de leurs produits dans les vidéos. Et on touche aussi quelques centimes de droits d’auteurs à chaque fois qu’une personne regarde notre vidéo.

    Est-ce que dès le départ, tu imaginais que tu pourrais vivre de ce métier ?

    Non, parce qu’à mes débuts, il n’y avait pas de système de monétisation, c’est-à-dire que les créateurs ne pouvaient pas gagner de l’argent avec leurs vidéos, ou très peu. À l’époque, je faisais ça vraiment plutôt pour le loisir. Ce n’est qu’un peu plus tard, lorsqu’il y a eu des revenus, que j’ai pu en vivre.

    Comment fais-tu pour choisir ce dont tu vas parler dans tes vidéos ?

    Il y a plusieurs façons. D’abord, il y a la communauté. Les gens qui me suivent me demandent souvent si je peux tester telle ou telle innovation. Ensuite, je fais des recherches. Je travaille avec une responsable éditoriale qui m’aide à trouver des idées. On lit les journaux, on va dans des salons ou sur internet à la recherche d’innovations qui pourraient plaire à ma communauté.

    Sur les réseaux sociaux, tout doit souvent être beau et parfait. Est-ce que sur ta chaîne, on voit ton vrai visage ?

    Oui et non. Moi, je suis très perfectionniste alors sur le fond, je veux que tout soit parfait. J’essaye de ne pas dire de bêtises, de proposer un contenu qui ait de l’intérêt. Il faut qu’il y ait un bon son, une belle image… Par contre, sur la forme, je suis plus naturel. J’ai tendance à être un peu maladroit, mais c’est ce qui a fait mon succès donc j’essaye de garder ça. Sur les réseaux, les gens aiment bien voir des gens qui ne sont pas parfaits, qui font des gaffes... Donc pour que mes vidéos soient parfaites, il faut aussi que je sois un peu imparfait.

    Aurélien le Calvez et les élèves interviewers devant l'hôtel du Département

    Nous les ados, on nous répète sans cesse de nous méfier des réseaux sociaux. Qu’est-ce que tu en penses, toi qui travailles dans ce domaine ?

    C’est vrai qu’il y a plusieurs problèmes avec les réseaux. Je pense que le principal, c’est le harcèlement en ligne. Il faut se protéger, faire attention à ce que l’on poste. Moi, ma règle avant de publier, c’est de toujours me demander si dans 10 ans, je pourrais avoir honte de ce que suis en train de poster, ou si ça pourrait embarrasser un proche un jour. Si j’ai un doute, je préfère ne pas publier. Je pense aussi qu’il faut poster le moins possible sur soi-même. Vous pouvez poster autant que vous voulez sur une passion, mais pas sur des choses personnelles. Moi, je ne parle jamais de ma vie privée, donc toutes les critiques que je reçois concernent mon contenu, pas ma propre personne. Ça aide à garder une distance. Un autre danger, c’est aussi qu’il y a beaucoup de faux contenus qui circulent sur les réseaux. Il faut toujours garder un œil critique, recouper les sources et aller aussi voir d’autres médias pour se forger son opinion, quel que soit le sujet.

    Tu es sur beaucoup de réseaux sociaux… Est-ce que parfois tu arrives à déconnecter ?

    Ça c’est une bonne question ! Au début je n’y arrivais pas, mais maintenant beaucoup plus. En fait, si moi-même je passe trop de temps sur les réseaux, après je n’arrive plus à trouver du temps pour créer mes contenus. Et puis, c’est important pour la créativité de déconnecter et d’aller se nourrir ailleurs.

    Quels conseils donnerais-tu à des ados qui voudraient faire comment toi ?

    Aujourd’hui, beaucoup de gens veulent être créateurs de contenus mais peu arrivent à en vivre. Donc ce que je conseille au départ, c’est d’aborder ça comme un passe-temps et de faire des études à côté. Souvent, la voie professionnelle que l’on choisit, si elle nous passionne, peut être un point de départ. Il y a par exemple des paysagistes qui filment leurs chantiers ou des fleuristes qui partagent leurs bouquets sur les réseaux, et ça marche tellement bien que petit à petit, ils peuvent se consacrer à la création de contenus. Dans tous les cas, je conseille de parler de ce qu’on aime, de ce qui nous passionne, et surtout de trouver sa propre singularité. Pour que ça marche, il faut apporter quelque chose de nouveau !

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