Culture

3 piano-voix, 3 femmes, une soirée intense

Sarah Mc Coy

La rage de Sarah Mc Coy, la fraîcheur de Nach, la classe de Jeanne Cherhal... L’équipe d’Art Rock a tapé dans le mille en proposant le 11 janvier un plateau musical digne des grands soirs, à la salle Hermione de Saint-Brieuc, qui a affiché complet avec 1 200 spectateurs. Retour sur cette soirée chargée d'émotions, de générosité et de complicité.

  • Sarah Mc Coy, tornade sensible et rageuse

    C’est elle ouvre le bal, seule face à son piano, imposante et indéniablement charismatique. Excessive jusque dans ses rires tonitruants, bouillonnante d'auto-dérision, mais émouvante également lorsqu’elle dévoile les pans de sa vie cabossée, mois difficiles dans la rue et perte du père tant aimé compris... Résiliente et puissante aussi dans ses combats contre ses démons ou contre les coups de la vie, Sarah Mc Coy a soulevé les cœurs et collé des frissons avec sa voix grave, cassée, et tellement remplie de rage, entre Janis Joplin et Amy Winehouse. Assurément, un concert qui restera dans les esprits.

    Nach, si naturelle, si généreuse

    Nach

    Une voix ample et claire qui remplit la salle : c’est Nach, fille de Louis Chedid et sœur de -M-, qui impose avec fraîcheur et tonus son univers singulier. Sur scène, Nach distille habilement ses textes qui chantent la maternité espérée, son amour pour sa mère ou son frère Joseph, ou encore les histoires d’amour avortées ou intensément vécues. Il faut lui reconnaître aussi un vrai talent pour tisser une complicité avec son public, elle qui n'a pas hésité en toute simplicité à parcourir la salle en chantant a capella sa chanson « Allo », et à proposer au public de la rencontrer dans le hall après son concert. La classe.

    Jeanne Cherhal, l'élégance incarnée

    Jeanne Cherhal

    Parfois, on la sent au bord de l’explosion Jeanne Cherhal, lorsque, assise face à son piano, sa fougue devient si forte que son corps se dresse, porté par une énergie tout aussi intense que tenue.  Entourée de deux pianos et de trois musiciens, l'artiste déploie ses chansons trempées dans une encre imagée, profonde, nuancée, souvent à double lecture. Et a offert au public le luxe d'un moment unique, « juste pour toi Saint-Brieuc ! », avec une chanson encore jamais chantée en concert, sur les rassemblements du 11 janvier 2015 suite à l’attentat contre Charlie Hebdo. Robe moulante à sequins, talons aiguille, l’artiste joue des codes de la féminité avec une élégance, une espièglerie et une sensualité assumées, affirmant avec grâce un univers artistique dense et une vie de femme à la quarantaine aussi raffinée que puissante.