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Atelier d'insertion Artex : des textiles pour remettre le pied à l'étrier
700 tonnes par an, c'est ce que collecte chaque année l'atelier de revalorisation du textile Artex, qui trie, conditionne et recycle les textiles pour leur donner une seconde vie. Ce chantier d'insertion, soutenu par le Département, emploie une vingtaine de salariés en contrat d'insertion pour les aider à remettre le pied à l'étrier.
Ce tee-shirt tout déformé, cette robe qu'on ne peut plus voir en peinture, ces chaussures tellement usées qu'il va décidément falloir s'en séparer, le cœur plus déchiré qu'un jean usé jusqu'à la corde... Qu'en fait-on ? Poubelle ? Pas question, tranche Jacqueline Evo, directrice de l'atelier de revalorisation du textile Artex, basé rue Gustave Eiffel, à Langueux. « Plus de 95 % des textiles se recyclent. A partir du moment où les vêtements sont propres et secs, même usés, ils nous intéressent ».
Recycler les vêtements, le linge de maison et les chaussures afin de réduire la masse de déchets textile, c'est la mission de l'atelier Artex. Dans ce vaste hangar, 700 tonnes de textiles ont stockés, triés puis conditionnés par les 26 salariés, tous en contrat d'insertion. Mais avant d'être triés et valorisés, ces vêtements, chaussures et autre linge de maison sont récupérés par les agents chauffeurs livreurs dans les 120 conteneurs disposés sur les territoires de l'agglomération.
54 % des textiles directement revendus
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'atelier est savamment organisé. Sur chacune des cinq tables de tri réparties dans l'atelier, les deux agents de tri n'hésitent jamais quant à la destinée des centaines de vêtements qui passent chaque jour entre leurs mains : « Chaque binôme dispose de onze bacs de tri : fripes, blousons, chaussures, laine cardée, layette, linge de maison ... », précise la directrice.
Une fois triés, dans 54 % des cas, les textiles sont directement revendus, soit à La Boîte à fringues (située rue Chaptal à Saint-Brieuc), soit à l'export, principalement en Afrique. 31 % sont recyclés pour différents usages : ils pourront ainsi être ainsi coupés pour en faire des chiffons d'essuyage, broyés pour la production de matières composites, ou encore défibrés pour la production de nouveaux textiles. « 18 % de notre stock ne peut être mis à la vente ou recyclés. Ces déchets partent à la poubelle. A terme, ils fourniront de la matière pour devenir des combustibles solides de récupération ».
« Ce travail m'a redonné confiance en moi »
Dans cet atelier, tous les salariés sont employés en CDDI (Contrat à durée déterminée d'insertion), pour une durée qui peut s'étendre de deux à 24 mois. Remettre les chômeurs de longue durée sur le chemin de l'emploi, c'est l'autre mission, essentielle, dévolue à Artex. Ce chantier d'insertion a pu remettre le pied à l'étrier de plus de 1 000 personnes depuis sa création, il y a plus de 20 ans.
« Ici j'ai repris courage, ce travail m'a redonné confiance en moi, témoigne Vanessa, agent de tri en poste depuis près de deux ans. Ca m'a fait du bien car je sortais de quatre années de chômage difficiles, après avoir été licenciée pour raisons économiques ». En novembre, le contrat de Vanessa prendra fin. Pour la suite, cette maman de deux enfants, titulaire d'un CAP de vente en boulangerie, souhaite enchaîner rapidement sur un contrat, dans la vente si possible. Elle espère pouvoir compter sur le stage en boulangerie qu'elle a pu réaliser pendant sa mission au sein du chantier d'insertion, grâce au travail mené par les conseillers en insertion.
Débloquer des situations difficiles
Ce travail d'accompagnement des salariés le plus souvent en situation grande précarité, c'est l'un des maillons fondamentaux d'Artex. « Nous leur proposons un suivi individualisé selon leur profil, et mettons en place des actions pour débloquer des situations, que ce soit dans le champ du social, de la santé, de la mobilité ou encore du projet professionnel, explique Tifenn Duplenne, conseillère en insertion. Pour Vanessa par exemple, nous l'avons aidée à trouver un stage en boulangerie, et lui avons permis de libérer du temps de travail pour préparer son code. Nous avons également réussi à lui débloquer une aide financière pour qu'elle puisse passer son permis voiture. Cela peut également passer par une formation en langue française, car 50 % des salariés sont issus de nationalité étrangère ».
Leïla par exemple, 36 ans, est arrivée de Géorgie il y a 10 ans avec sa famille. « Mon contrat ici s'arrête bientôt, après deux ans passés ici. J'ai fait un stage en école cette année, j'espère pouvoir travailler ensuite avec des enfants », indique cette mère de famille de trois enfants, dans une langue française encore hésitante. Une remise au travail et un accompagnement précieux, quand on sait que sur ces 26 personnes accueillies, 52 % ont plus de trois ans d'inactivité, et que 93 % sont bénéficiaires des minimas sociaux.