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De l'analyse de pratique à l'Asad Goëlo Trieux

Quelques mois après la fin de ces huit séances d'analyse de pratique, le souvenir en est encore très vivace pour Line Bègue, assistante de vie aux familles, à Plouha.

Line Bègue est assistante de vie aux familles à l'Association d’aide, de soins et de services à domicile (Asad) Goëlo Trieux. On lui propose une formation autour de l'analyse de pratiques professionnelles. D'abord sceptique, elle raconte la richesse des échanges avec ses collègues et l'importance de se rencontrer.

  • "Le plus difficile à encaisser, c'est le décès de nos bénéficiaires". Line Bègue est assistante de vie aux familles à l'Association d’aide, de soins et de services à domicile (Asad) Goëlo Trieux. La structure, dirigée par Maximilien Pettex, couvre Plouha, Paimpol et Pontrieux. C'est à Plouha qu'exerce cette professionnelle de 41 ans. Depuis quatre ans, elle s'occupe d'une dizaine de bénéficiaires âgés, et de trois jeunes de la Maison d'accueil spécialisée (Mas). Après un licenciement économique de la restauration, elle a choisi de se reconvertir dans l'aide à la personne, en passant par une formation diplômante d'Assistante de vie aux familles (ADVF). "On ne peut exercer ce métier que par choix", estime-t-elle.

    Huit séances d'une demie-journée

    Dans le Plan senior voté par les élus du Département en début d'année, un axe porte sur la poursuite de la hausse des moyens alloués aux Services d'aide à domicile. Entre autres de l'analyse de pratiques. Lorsqu'on lui propose une session, elle se montre d'abord sceptique, "notre encadrement étant déjà très à l'écoute". Quelques mois après la fin de ces huit séances d'une demi-journée, à raison d'une tous les 15 jours, l'empreinte est encore très vivace pour Line. "Notre métier est difficile physiquement et psychologiquement. Nous retrouver en groupe de huit à dix collègues nous a permis de trouver de nombreuses solutions ensemble. Cela m'a... libérée ! Des liens se sont noués avec des collègues, qui perdurent".

    "Il est compliqué de ne pas s'attacher"

    "Echanger, écouter, trouver des solutions, relationnel, partager, non-jugement": ces mots apportés par le groupe ont été la base du travail qui a ensuite été mené. "Comment accompagner une personne, comment être à l'écoute... J'ai remis ma pratique en question avec mes bénéficiaires. On nous dit de ne pas trop nous engager dans la relation. Mais c'est difficile lorsque vous partagez le quotidien de quelqu'un pendant dix ou quinze ans".
    Le "Gapp" [NDLR : Groupe d'analyse de pratiques professionnelles], selon le mot de Line, animé par une psychologue de Plérin, lui a néanmoins permis de se mettre à distance de ses émotions, "même s'il est compliqué de ne pas s'attacher ; j'essaye de compartimenter les choses. Au lieu de revenir avec les problèmes de mes bénéficiaires, j'ai appris à couper. Par exemple mon smartphone professionnel sur lequel nous avons nos plannings et nos documents de travail. L'éteindre le soir lorsque j'arrive à la maison est certes symbolique, mais ça marche".

    Un-e psychologue disponible 24h/24

    Au-delà du travail ponctuel mené avec ses pairs, Line précise qu'elle peut joindre un ou une psychologue 24 heures sur 24. Pour les aides à domicile de l' Asad Goëlo Trieux, la question de la mort des bénéficiaires reste centrale : "Comment surmonter ces deuils, même avec le fort soutien de notre hiérarchie ?". 

Article issu du n°
180
de Côtes d’Armor magazine

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