Culture

Exposition "Métamorphose" à la Roche Jagu

Métamorphose
Métamorphose

L’exposition donne la part belle à 12 artistes talentueux installés en Bretagne. Leurs œuvres se déploient subtilement au sein du château et des jardins. Leurs regards généreux et poétiques explorent le thème de cette année : la métamorphose, comme une invitation à rêver et à imaginer un monde où la créativité et la poésie offrent un nouveau récit.

12 artistes invités

Le changement de paradigme qui apparaît aujourd’hui comme une nécessité éclatante se traduit dans cette exposition à travers la créativité et la métamorphose. Celles-ci s’incarnent et se déploient le temps d’une saison au sein de l’édifice médiéval et des jardins qui l’entourent : dessins, cyanotypes, sculptures, gravures, livres d’artistes, vidéo, installations... œuvres variées nées du regard de 12 artistes talentueux installés en Bretagne. Ces créations entrent en résonance avec l’architecture et les paysages de La Roche-Jagu où tout est relié et en perpétuel mouvement, selon la lumière, les saisons, les projets...

Des Chimères et formes Hybrides de Brigit Ber (cyanotypes, vidéo, dessins) aux arbres en transformation et hybridations de récits de Sylvain Le Corre (aquarelles, installations) en passant par les Nidsracines de Fabienne Houzé-Ricard (dessins, peintures), les œuvres présentées dans les salles du 1er étage du château explorent ces mondes rêvés où la Nature est polymorphe à travers des formes animalisées, végétalisées, pétrifiées, liquéfiées... Des formes décalées qui nourrissent l’imaginaire et s’égrènent majestueusement en un formidable cabinet de curiosités du XXIe siècle.

Les Métamorphoses d’Ovide (1er siècle ap. J.-C.), long poème épique de l’Antiquité, ont traversé les siècles et influencé l’art européen depuis le Moyen Âge. Cette philosophie héritée de Pythagore selon laquelle le monde est en perpétuelle mutation, dans un temps cyclique, continue à inspirer les artistes de manière figurative ou abstraite. Les Officiers célestes et les Phénomènes discrets de Matthieu Dorval (peintures) constituent un champ de particules où les couleurs vibrent réciproquement dans un univers pictural mouvant qui se situe entre la terre, la mer et le ciel, éléments définis par Ovide. Les sculptures de Guillaume Castel, mi-feuilles mialgues, concilient l’organique et la géométrie, entre l’air et l’eau, à travers des formes qu’il déplace par opérations de changement d’échelle, de milieu, ou de matière, dans le chemin de ronde du château et au Jardin des Terrasses. Dans la petite salle haute, les dessins et gravures de Thierry Le Saëc côtoient les livres d’artistes et les sculptures : les couleurs se déploient dans un univers poétique empruntant les chemins de la nature où l’artiste sonde le motif à travers une écriture en perpétuelle métamorphose.

Dans la tourelle et les combles du château, les tissus échoués et glanés le long des grèves par Cécile Borne puisent dans le corps et la matière des formes parcellaires qui racontent un récit ininterrompu, en mouvement, où naissent des lumières et des métamorphoses insoupçonnées.

Cécile Borne
Cécile Borne
Le Ciré de Cécile Borne

La chambre et la garde-robe des combles abritent les œuvres réalisées in situ par Les Concasseurs (sérigraphies, installations) dans le cadre d’une résidence de création commencée en octobre 2020 et qui s’achèvera en août 2021. Sylvain Descazot & Mathieu Lautrédoux explorent le parc et ses abords, découverte qui se décline sous forme d’estampes cartographiques à partir des matières prélevées sur le domaine. Les designers partagent également leur regard aiguisé de glaneurs à travers des captations vidéo et sonores qui révèlent la diversité d’atmosphères et de paysages de La Roche-Jagu changeant au fil des saisons. Point de départ vers un balisage se déployant sur sept endroits du parc, l’installation en verre phosphorescent « Balis.e » provoque un temps-repère, à l’instar des balises marines, pour découvrir un lieu à la fois singulier et relié aux autres espaces du Domaine.

Enfin, le parc de la Roche-Jagu est lui-même un espace métamorphique où se déploient plusieurs formes et plusieurs mondes. Dans le verger soclé, les sculptures de Corinne Cuénot illustrent la Forme de l’eau qui fait émerger des motifs changeants et dessine la trace sinueuse de sa circulation dans le paysage. Cocons, larves et chrysalides, phénomènes emblématiques de la métamorphose dans la Nature, ont inspiré l’installation végétale de Sophie Prestigiacomo & Régis Poisson réalisée à la Cale, au bord de la ria du Trieux, avec les éléments naturels prélevés sur le parc. Ces architectures organiques à la fois fragiles et mouvantes, étranges car mutantes, nous interrogent sur la période de Transition que nous traversons, sur notre relation à la Nature et aux êtres vivants.

Corinne Cuénot
Corinne Cuénot
Sculpture de Corinne Cuénot

A insi, ces 12 artistes engagés dans la création posent un regard qui fait sens. Ils nous invitent à rêver et à imaginer le temps d’une exposition les contours d’un autre monde, le fruit d’une métamorphose comme destin à laquelle chacun doit prendre part...

 

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