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Fest-noz : tous ensemble dans la danse !
Toute l'année, ils courent ces « fêtes de nuit », pour l'ambiance, pour la danse, pour la musique, pour le lien social. Inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco depuis 2012, le fest-noz, marqueur très fort de l'identité bretonne, continue de rassembler des milliers d'adeptes, toutes générations confondues.
Une ambiance de fête, des corps qui virevoltent, des pas qui résonnent sur les parquets, comme un seul cœur qui bat au rythme de la musique... Depuis le milieu du XXe siècle, ils sont des milliers à aller danser dans les festoù-noz, ces rassemblements festifs basés sur la pratique collective des danses traditionnelles de Bretagne. Parmi les adeptes, certains ont baigné dans la culture bretonne depuis leur plus jeune âge, et revendiquent fièrement leur identité et leurs racines. Comme Vonig Fraval, 40 ans, qui dès l'adolescence, intègre un cercle celtique et un bagad, en apprenant ensuite la langue bretonne en parallèle. « La culture est une composante essentielle et fragile qui constitue la singularité de chacun et fait sens collectivement », estime celle qui aujourd'hui se rend dans les festoù-noz avec son fils, convaincue qu' « il faut également transmettre pour que cela perdure avec la société actuelle ». Pour autant, les festoù-noz rassemblent tous les types de public, et c'est l'une de ces grandes forces. Ainsi, c'est à 50 ans que Renée, 72 ans, a attrapé le virus. « Ce qui me plaît avant tout, c'est l'ambiance toujours conviviale, le côté inter-générationnel, et puis on peut toujours danser même si on est seul, même ceux qui ne savent pas trop danser peuvent rentrer facilement dans une danse, personne n'est jamais rejeté ».
Une scène musicale bretonne extrêmement inventive
Une bienveillance et une ouverture d'esprit que souligne également Glenn Jégou, animateur d'émissions de musique bretonne et celtique sur France Bleu, et également directeur du festival rennais Yaouank. « Trois générations qui peuvent faire la fête ensemble, c'est quand même unique. Ce sont des fêtes où il existe une solidarité et une attention à l'autre particulière, où l'on se prend par la main sans connaître son voisin », témoigne cette figure de la culture bretonne. Si les festoù-noz ne sont plus aussi fréquentés que dans les années 90, ils restent tout de même un pilier de la fête en Bretagne. « Entre le petit événement convivial organisé par un comité d'animation, qui va rassembler quelques dizaines de personnes, à la grosse machine qui fait venir des milliers de danseurs, le spectre est très large », poursuit Glenn Jégou. « Mais il y a un point commun, fondamental, entre tous les festoù-noz. Ce socle, ce sont les danses, toujours les mêmes, qui existent et rassemblent depuis des décennies, comme la gavotte, l'andro, le cercle circassien... C'est à partir d'elles et pour elles que les groupes de fest-noz inventent et jouent sur scène pour leurs danseurs. Prenez une gavotte, aucun groupe ne la jouera de la même façon ».
« Tout le monde peut rentrer facilement dans une danse »
Sonerien Du se singularise par exemple par son savant « mélange entre variété, traditionnel et rock », rapporte Julien Tymen, l'un des musiciens de ce groupe phare de la scène bretonne, qui sévit depuis 1972, et qui réussit à « rassembler à chaque fois entre 600 à 800 personnes ». Aujourd'hui, cette fusion de la musique traditionnelle avec les musiques actuelles ne fait plus débat. Pourtant, souligne Glenn Jégou, « beaucoup ont crié au scandale quand les guitares électriques ont commencé à investir les scènes de festoù-noz. Aujourd'hui, nous sommes riches de toute cette diversité et de cette ouverture musicale, admises par tous. L'électro, le jazz ou même le punk peuvent se frotter avec la musique trad, et c'est tant mieux. La scène musicale bretonne est extrêmement inventive, tout en étant évidemment toujours respectueuse de la tradition ». Pour se convaincre de cette vivacité, il suffit de recenser l'agenda du site Internet Tamm-Kreiz, qui répertorie notamment toutes les dates de fest-noz. En Côtes d'Armor, 100 ont été organisés en août, 17 septembre, 32 en octobre, 23 en novembre, et ce aux quatre coins du département. Alors, on danse ?