Ils prennent soin des forêts départementales
Enfants, ils avaient pour point commun de courir inlassablement la campagne. Bernard, Tony, Gwendal et Benjamin sont incontestablement des hommes des grands espaces… Inséparables ou presque, ils arpentent chaque jour les quelque 2500 hectares de forêts départementales. Leurs missions : favoriser le bon développement des bois et permettre leur ouverture au public.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les Côtes d’Armor comptent parmi les départements les moins boisés de France... C’est pour préserver ce patrimoine forestier - et garantir son accès à tous les habitants - que le Conseil départemental a acquis, depuis 70 ans, pas moins de 2500 hectares d’espaces boisés. Forêt d’Avaugour-Bois Meur, de Beffou, de l’Arguenon, de Kerné-Huel, etc... l’exploitation de ces bois est confiée à l’ « équipe forêt » du Département. Bernard Rannou, Tony Le Bourdon, Gwendal Berthou et Benjamin Boutier y développent une gestion dite multifonctionnelle.
« Il s’agit d’assurer à la fois l’accueil du public, la production de bois et la préservation de la biodiversité, explique Mickaël Jézégou, en charge de la coordination de l’équipe. Nos forestiers assurent l’entretien de 150 km de sentiers, l’exploitation sylvicole des parcelles, la production de bois de chauffage... Ces missions nécessitent des savoir-faire spécifiques, un sens fin de l’observation et une grande polyvalence. » Les principaux concernés, eux, évoquent surtout des vocations. « Plus on travaille au contact de la nature, plus on en redemande ! », assure Benjamin, approuvé par ses collègues.
Travailler pour et avec la nature
Pourtant, le métier est physiquement difficile. L’hiver dernier, les coups de vent successifs n’ont pas ménagé l’équipe : « On a passé notre temps à naviguer d’un bout à l’autre du département, pour sécuriser ou évacuer des arbres déracinés », témoigne Bernard. Dans ce contexte, réactivité et modestie restent les meilleures des qualités. « On est tributaires des éléments, reconnaît Tony. Il faut savoir s’adapter et faire preuve d’humilité face à la nature. »
Si l’équipe sait faire face aux urgences du quotidien, l’organisation du travail, en forêt, prend souvent une toute autre dimension. « Quand il s’agit de sylviculture, on conçoit nos interventions sur une échelle-temps de 80 à 100 ans, expose Tony. Cela va au-delà de la carrière d’un homme ; il faut savoir se projeter. Dernièrement, on a éclairci* une parcelle plantée peu après la première guerre. On poursuit le travail des anciens… Et demain ce seront d’autres qui s’occuperont des arbres que l’on plante aujourd’hui. »
À l’heure du changement climatique, l’équipe a conscience que son travail prend toujours plus de valeur. La bonne gestion des bois est aujourd’hui indispensable pour faire perdurer la ressource. « Les gens pensent que les forêts ont toujours été là, qu’elles se développent naturellement. Mais nos forêts n’ont rien de naturel ! C’est parce que des hommes ont toujours entretenu les bois que l’on a une nature comme ça aujourd’hui. » Alors quand certains visiteurs leur reprochent d’abattre les arbres à coups de tronçonneuse, l’équipe fait preuve de pédagogie : « Si on coupe un arbre, c’est soit parce qu’il est dangereux, soit pour favoriser le développement de la forêt et sa diversité, explique Gwendal. Car abattre certains arbres, c’est souvent permettre aux autres de mieux grandir. Et c’est ainsi offrir aux Costarmoricains un patrimoine forestier aux vertus inestimables.