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La course en ligne droite d'Alexandre Léauté

Il a 20 ans, il a ramené quatre médailles des JO paralympiques de Tokyo après un impressionnant parcours de para-pistard : Alexandre Léauté, le cycliste de Saint-Caradec, passe dans la catégorie des professionnels et fait la fierté des Côtes d'Armor (et au-delà).
26 août. La première Marseillaise de ces JO paralympiques de Tokyo résonne dans le vélodrome d'Izu, presque déserté par le public en ces temps de Covid. Alexandre Léauté, 20 ans, est sur la première marche du podium. Une buée légère et fugace, à l'intérieur de ses verres de lunettes, cache un voile d'émotion… Il tombe le masque délicatement, et la joie du sportif de Saint-Caradec éclate, tout en retenue. "A ce moment précis, je n'ai pas ressenti grand-chose, reconnaît-il, hormis pendant La Marseillaise. C'était l'aboutissement de tellement de travail… J'étais surtout concentré sur l'épreuve du lendemain !"
Lors de ces Jeux paralympiques de Tokyo, il rafle une médaille d'or (accrochant un record du monde au passage), une médaille d'argent et deux médailles de bronze, respectivement dans les épreuves de poursuite C2 (*) ; de contre-la-montre C1-3 ; et en cyclisme sur route, de contre-la-montre C2 et de la course en ligne C1-3.
Un parcours tellement impressionnant que le sportif a été désigné comme porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Tokyo, le dimanche 5 septembre dernier. Cet hommage va de pair avec sa promotion au rang de chevalier de la légion d'honneur, dès son retour de Tokyo.
Du VCP Loudéac à Urt vélo
Conséquence d'un AVC à la naissance, le sportif a perdu l'essentiel de sa puissance musculaire du côté droit du corps, et ne peut pédaler qu'avec une jambe. Il court en catégorie MC2* (hémiplégie modérée) où il fait des prouesses depuis ses 14 ans. Là, alors qu'il est licencié au VCP de Loudéac, il commence la compétition sur route avec les valides. Il s'engage à 17 ans dans les courses handi-sport et rejoint la section handisport de l'Urt vélo dans les Pyrénées-Atlantiques.
2020 est une belle année, qui ouvre une voie royale à 2021. Il décroche sont BTS en maintenance industrielle et ses résultats sportifs font un bond de géant. Son titre de champion du monde de cyclisme sur piste dans deux disciplines, et en juin de l'année suivante, un double titre de champion du monde sur route dans la course en ligne et le contre-la-montre, le propulsent à des hauteurs qui lui permettent d'envisager de passer professionnel : "Grâce à ces titres, puis à mes résultats aux JO paralympiques, je peux vivre du vélo, ce que je n'avais pas imaginé possible !", concède-il à son retour dans les Côtes d'Armor mi-septembre, un frémissement dans la voix.
(*) Catégories de handicaps.
Employé par le ministère de la Défense… pour pédaler
Intégré à l'armée en contrat civil, dans un bataillon de sportifs et de sportives de haut niveau, il est employé par le ministère de la Défense depuis mai 2020… pour pédaler. "J'ai eu beaucoup de chance que ma candidature soit retenue", ajoute-t-il avec beaucoup de modestie
Grâce à ces contrats, le ministère de la Défense offre à des sportives et des sportifs émérites la possibilité de se consacrer pleinement à l’amélioration de leurs performances, et ainsi remporter des médailles au nom de la France. De plus, le ministère s’engage à les accompagner dans l’étude de leurs possibilités de reconversion professionnelle à l’issue de leur contrat à la fin de leur carrière sportive.
Parmi les 138 athlètes français engagés aux JO paralympiques, 20 sportifs et sportives de l'armée ont été sélectionnés dans 11 sports pour ramener 19 médailles à la France dont 6 médailles d'or. Tous et toutes sont en situation de handicap.
