Rencontre

Nathalie Tarlet : une clown pas comme les autres

Nathalie Tarlet, lors de la Marche des Nez, organisée par Clowns Sans Frontière, dont le coup d'envoi était donné sur le parvis de la Scène Nationale de la Passerelle, le 1er juin 2023.
Nathalie Tarlet, lors de la Marche des Nez, organisée par Clowns Sans Frontière, dont le coup d'envoi était donné sur le parvis de la Scène Nationale de la Passerelle, le 1er juin 2023.

Nathalie Tarlet, créatrice de la compagnie des arts du cirque Vis Comica, a connu de nombreux rebondissements, aventures, voyages et missions artistiques et humanitaires autour du monde. Ce lundi 26 juin, nous avons rencontré cette clown unanimement reconnue dans son domaine, au Bas Chemin à Quessoy, pour retracer son fantastique parcours.

  • Dans le monde des clowns, Nathalie Tarlet s’est taillé une très solide place. Pourtant, rien ne l’y prédestinait. Originaire de Saint-Trimoël, elle grandit dans une famille d’agriculteurs. Sa scolarité est compliquée, elle se sent mal dans sa peau. A 15 ans, elle rentre au lycée horticole de Saint-Ilan, à Langueux  : « C'était surtout un moyen pour pouvoir faire le mur plus facilement ! » se souvient-elle. Le lycée est un échec, Nathalie ne s'intéresse pas aux cours, ne trouve pas sa place dans cet univers. Ado rebelle et perdue, elle veut devenir garde forestière, « pour ne plus voir les gens... ».

    Et puis, un beau jour, alors qu'elle est en début de terminale, le Théâtre du Totem, mené par Hubert Lenoir, débarque dans son établissement pour donner un stage aux élèves. Pour Nathalie, c'est le déclic. Elle arrête l'horticulture et n'obtiendra donc jamais son bac. Ne pouvant plus rester dans sa famille, elle part à Paris. Vivant de petits boulots, elle prend des cours de théâtre. Elle y rencontre un acrobate qui lui conseille d'aller étudier à l'école Fratellini, la célèbre école de cirque fondée par Annie Fratellini. La rencontre entre Annie Fratellini et Nathalie est un coup de foudre amical : elle entre donc dans l'école. Lors de ses premiers spectacles, elle fait plusieurs bourdes, des chutes et fait rire le public sans le vouloir. Annie Fratellini découvre alors la vraie voie de Nathalie : l’art du clown. 

    Depuis le début des années 1990, Nathalie Tarlet exerce son métier de clown. Son credo :  les rencontres et l'ouverture aux autres. Photo : Thierry Jeandot
    Depuis le début des années 1990, Nathalie Tarlet exerce son métier de clown. Son credo : les rencontres et l'ouverture aux autres. Photo : Thierry Jeandot

    « C’était ma famille de coeur »

    En 1990, elle se produit dans ses premiers cabarets. Elle navigue entre l'Allemagne, les États-Unis et la France. En 1994, elle rencontre son mari Klaus. Elle tombe enceinte et le couple pose ses valises en Bretagne. Elle accouche de son premier enfant cinq jours avant d'acheter la ferme Le Bas Chemin. « Certaines années étaient dures, raconte-t-elle, on passait de riches à pauvres, notre situation était irrégulière... »

    En mai 98, Nathalie crée la compagnie clownesque Vis Comica et avec qui elle créera le Cabaret Tournicote ainsi que des ateliers de cirque ouverts au public. « C'était ma famille de cœur, celle que je n'avais jamais eue », confie-t-elle. Pendant 20 ans, elle joue principalement dans des spectacles avec sa compagnie, dont elle assure la mise en scène, notamment « Rien que du bonheur au café-théâtre » ou « Le Fla Fla Fla ».  En 2018, elle démarre ses missions autour du monde avec l'association Clowns Sans Frontières. La clown part alors à Dakar, au Sénégal, pour faire rire des enfants battus, rendre visite à des jeunes en prison.

    « Le clown est le reflet du monde »

    Cette année, elle participe à « La Marche des Nez », une initiative de Clowns Sans Frontières pour le droit à l'enfance et à l'émerveillement. Pour Nathalie, le clown est un personnage naïf. « Il porte un regard innocent sur le monde et c'est grâce à ça qu'il peut traiter de sujets graves, explique-t-elle, il montre ses faiblesses et il rit de lui et de la société sans avoir peur du ridicule. Selon moi, le clown est le reflet du monde. »

    Nathalie Tarlet, juin 2023. Photo : Thierry Jeandot
    Nathalie Tarlet, juin 2023. Photo : Thierry Jeandot

Article issu du n°
194
de Côtes d’Armor magazine

Découvrir cette édition