Rencontre

Annick Chapron, le vélo dans la peau

Annick Chapron à La Roche au cerf, tout près de chez elle.
Annick Chapron à La Roche au cerf, tout près de chez elle.

Les Côtes d’Armor et le vélo ont une longue histoire. Notre département profite de cette joyeuse période de Jeux olympiques pour (re)mettre en lumière ses championnes et ses champions. Annick Chapron fait partie de celles qui ont aligné un sacré palmarès, en compétitions nationales et internationales dans les années 1970… et en cyclo-tourisme aujourd’hui.

  • Championne de France cycliste sur route en 1971, Annick Chapron est née à Plessala où elle vit toujours. Cette sportive qui a Le vélo dans la peau, titre d’un ouvrage qu’elle publie en 1988, aligne un palmarès impressionnant : huit fois championne de Bretagne sur piste, quatre fois championne de Bretagne sur route, championne de France et 6e au championnat du monde à Gap, sans compter ses participations aux championnats du monde sur route de 1971 et 1975.  
    « A 15 ans, écrit-elle, j’aurais tellement voulu être un garçon ! Parce que le cyclisme me passionnait et n’appartenait alors qu’au domaine des hommes. » Début 1968 – elle a alors 19 ans - elle parvient, à force de ténacité et aussi d’un peu de chance, à décrocher le précieux sésame grâce au Vélo-club loudéacien : sa licence ! Il ne manque plus que le vélo. L’un de ses frères, économe et généreux, finance le « treuil » - c’est ainsi qu’Annick le baptise - un solide destrier Oscar Egg d’occasion.

  • Une paire de chaussures et un soutien-gorge en prime

    De compétitions locales, avec les Jacqueline Le Moullec et Maryvonne Raulet entre autres, en compétitions départementales, puis régionales, la jeune Annick ne s’en laisse pas compter et n’hésite pas à se mesurer avec les « gros bras », comme elle dit. Par exemple avec Geneviève Gambillon, aux gambettes d’acier, qui a marqué sa génération.
    Les primes sont parfois folkloriques. En 1969, par exemple, le club d’Annick lui remet « deux bons d’achat donnant droit à une paire de chaussures et un soutien-gorge » ; et un peu plus tard, elle reçoit un colis de conserves de la maison « Olida ». 
    Car si le vélo en compétition nourrit le plaisir de la gagne, et renforce les amitiés rencontrées tout au long de son parcours de championne, il ne rassasie guère sa sportive : « Au départ, j’étais sténo-dactylo-correspondancière, un métier qui n’existe plus aujourd’hui ; puis j’ai travaillé au centre d’insémination artificielle de Loudéac, dans l'administratif, presque jusqu’à ma retraite. »
    Elle travaille certes, mais ce prix de combativité s'entraîne vaille que vaille en toute saison. « Quand le prestige se trouvait au bout, j’acceptais mieux la souffrance », note-t-elle dans son livre. Et la souffrance est là. Puissante, redoutable. Le « petit Chapron rouge », ainsi nommée par un facétieux sponsor, n’avait en effet pas peur d’attaquer ! « Pour gagner, ajoute-t-elle, pour progresser, il faut savoir se faire mal, rencontrer de temps en temps plus fort que soi. »  

  • Compétitions nationales… et hébergement au camping

    Le vélo dans la peau.

    Préparation, déplacements dans les grandes compétitions internationales, diététique… les filles en sont pour leurs frais, au sens propre. Logement au camping ou dans la voiture, préparateur sportif aux abonnés absents, repas sur le pouce ou pantagruéliques... Ce qui rend la vie de compétitrice plus difficile encore, souvent plus solitaire également. Au début des années 1970, « il ne fallait pas me parler de mariage. Ma carrière cycliste aurait pu alors être réduite à néant », écrit encore Annick Chapron. 
    Elle décroche son titre de championne de France sur route en 1971, à Jeumont, devant Geneviève Gambillon pour une fois. L’année suivante, elle arrive 6e au championnat du monde sur route. Pourtant, de sa carrière de cycliste, ce n’est pas ce brillant palmarès qu’elle évoque d’abord. C’est sa passion pour le vélo, l’amitié, le collectif. Licenciée au club cyclo du Ninian depuis 1994, elle voue un véritable attachement à son club de Plémet, au point d’écrire Les nouvelles du club cyclo du Ninian. Ce beau livre retrace la vie de l’association depuis 1994, année de son arrivée. A 75 ans, la secrétaire du bureau continue à pédaler régulièrement avec les membres du club et tient le blog à jour. Elle se dit  « passionnée d'informatique, de blogs » et bien entendu… de cyclotourisme. « Nous sommes un groupe d’hommes et de femmes en retraite. On parcourt trois circuits, dont celui du pont Querra, soit quelque 160 kilomètres toutes les semaines. Etre ensemble et la convivialité, c’est ce qui compte le plus !"