Société

Précarité menstruelle. Le tabou s'éloigne un peu

Les chiffres de la précarité menstruelle en France (infographie : Matthieu Le Roy)
Les chiffres de la précarité menstruelle en France (infographie : Matthieu Le Roy)

54 % des jeunes filles et 73 % des garçons considèrent les règles comme un sujet tabou. L'évolution de la société incite les pouvoirs publics à agir à toutes les échelles. Des initiatives fleurissent, comme ici à Saint-Brieuc. Le tabou s'éloigne peu à peu.

  • 17% des femmes ont manqué le travail ou un rendez-vous parce qu’elles n’avaient pas de protection, et 12% des jeunes filles ne sont pas allées en cours. Enfin, 54 % des filles et 73 % des garçons considèrent les règles comme un sujet tabou.

    Le Département s'est emparé de cette question au sein des collèges. Des initiatives dans le milieu scolaire et associatif se font jour en Côtes d'Armor (lire Côtes d'Armor magazine n°185, p 13).

    Au lycée Rabelais, à Saint-Brieuc, Margaux Ameline, étudiante en BTS, épaulée par Morgan Guédès, s’est engagée dans la lutte contre la précarité menstruelle. Elle a mis sur pied une action qu'elle a baptisée "Sang protection". Cinq distributeurs de produits hygiéniques ont été installés dans l’établissement en novembre dernier. "La question du financement, pour remplir les distributeurs, est importante, admet la proviseure, Marie Le Bras. Nous avons un an de stock. Car ces distributeurs, dont le réassort est assuré par l'infirmière de l'établissement, sont fortement sollicités."

    Serviettes et tampons, avec et sans applicateur, sont disponibles gratuitement, dans les toilettes des filles, de la seconde aux BTS et classes préparatoires. "C'est un besoin constaté, dont on parle depuis peu de temps, en raison du tabou qui touche les règles. La parole se libérant et se normalisant, on a bien perçu le double problème : financier et d'accès."

    Le président du Conseil régional, dont relèvent les lycées, "a annoncé clairement son souhait de contribuer et je suis confiante", conclut la proviseure briochine.

  • Léa collecte pour le Secours populaire

    Visuel précarité menstruelle.
    Visuel précarité menstruelle.

    "Avec mon entourage proche, ainsi que des bénévoles du Secours populaire où je faisais un stage, raconte Léa Pellan, alors étudiante en BTS au lycée Ernest-Renan à Saint-Brieuc, nous avons collecté des produits d'hygiène et des protections féminines dans la galerie marchande de Langueux. Ca a très bien marché ! J'ai monté un petit stand au Secours populaire ; les bénéficiaires pouvaient se servir selon leurs besoins. Ce sujet reste un tabou. Cette action me tenait énormément à coeur, surtout quand j'ai vu les chiffres de cette forme de précarité. Avant cela, lors des distributions au Secours populaire, d'elles-mêmes, des femmes venaient me parler de cette problématique. Cette collecte a libéré leur parole", se souvient la jeune femme.

    En France, en moyenne 1,7 million de femmes sont touchées par la précarité menstruelle, soit 39 % de Françaises. Selon un sondage réalisé par l’Ifop en 2020, 8 % des femmes et filles interrogées déclarent renoncer à changer de protections périodiques autant qu’il le faudrait, faute de moyens.

    Enjeu à la fois sanitaire, éducatif, social, culturel et économique, le tabou des règles concerne tout le monde.

    Les plus touchées sont notamment les femmes incarcérées, les sans-abri, les personnes précaires, les étudiantes, les lycéennes et les collégiennes. Cette situation a un impact non négligeable sur l’estime de soi, l’absentéisme et l’exclusion sociale.

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