Sur le chemin de la parentalité
DOSSIER. Éduquer, prendre soin, s'inquiéter parfois... Être parent, un véritable métier, qui entraîne souvent des interrogations et des doutes. Dans le département, plusieurs dispositifs et lieux d'accueils existent pour accompagner les parents sur le chemin parfois difficile de la parentalité. Petit tour d'horizon des services proposés ou soutenus par le Département, dans le cadre de sa mission de prévention. Des dispositifs grâce auxquels les parents peuvent bénéficier d'une oreille attentive et d'une main tendue.
REPORTAGE. Un jeudi après-midi de novembre. Nous sommes à la Maison du Département de Guingamp. Comme toutes les semaines sur ce créneau, Marjolène Le Friec y tient une demie-journée de permanence pour recevoir en consultation libre les mamans et les papas et leur enfant, de la naissance à 6 ans. Ces permanences hebdomadaires de la Protection Maternelle Infantile (PMI) sont un service public départemental, assuré par des puéricultrices dans les cinq Maison du Département. « Les mamans que nous recevons viennent principalement pendant le premier mois de vie de leur bébé. Nous leur proposons un accompagnement et des conseils pratiques sur l'alimentation, que ce soit l'allaitement ou les biberons, ou les premiers soins, les pleurs... explique Marjolène Le Friec. Nous les revoyons au moment de la diversification alimentaire, ou lorsque les bébés connaissent des problèmes de sommeil, ou également pour des problèmes de limites éducatives, de sevrage d'allaitement, et de conseil en puériculture ».
Yùna, 1 mois, est accueillie par la puéricultrice
Un couple rentre dans la petite pièce avec son bébé d'un mois, Yùna, née le 8 octobre. En 20 minutes, de nombreux points sont abordés : marque d'eau pour les biberons, cordon ombilical... « Yùna a des coliques, elle pleure beaucoup », remarque sa maman, pendant que son papa lui change sa couche. « C'est normal, à presque un mois le système digestif est encore fragile, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, rassure la puéricultrice. Lui faire des petits massages pourrait la soulager. Voulez-vous que je vous montre ? ». Pendant la prise de poids du bébé, systématique lors des consultations, et la démonstration de petits massages, l'échange se poursuit. À chaque question, Marjolène apporte ses réponses, rassurantes, bienveillantes, précises, avec une grande douceur.
51 puéricultrices de PMI dans les cinq Maisons du Département
Avant de prendre congé, la puéricultrice rappelle aux parents de Yùna leur rendez-vous avec le Docteur Le Peu, qui officie également à la Maison du Département. « Et surtout, n'hésitez pas à m'appeler ou à repasser si vous avez des questions », conclut Marjolène Le Friec, avant de recevoir une autre maman. « Toutes les déclarations de grossesse sont transmises à la PMI, ce qui nous permet de repérer en amont des situations de fragilité, par exemple une grossesse précoce ou tardive, ou un isolement géographique, nous explique Marjolène Le Friec. Dans ces cas, les sage-femmes proposent un suivi de grossesse. Ensuite, en tant que puéricultrices, nous assurons le suivi à domicile de ces jeunes mères et de leur bébé après l'accouchement. En complément, les maternités nous informent dès la naissance si elles identifient des critères de vulnérabilité, comme une pathologie chez la maman, une détresse respiratoire, ou une prématurité ».
Au total, elles sont 51 puéricultrices dans l'ensemble des cinq Maisons du Département, à accompagner les jeunes mamans et leur nouveau-né, pour leur permettre de prendre le meilleur des départs, car souvent, les premières semaines du bébé sont une période délicate pour les mamans, entre la fatigue, les doutes, le bouleversement hormonal ou le sentiment de solitude.
« Un travail en équipe, avec des médecins, psychologues... »
« Nous travaillons en équipe, avec des médecins, des sage-femmes, des psychologues, des éducateurs, des assistants sociaux, et avec nos partenaires, parce que notre mission consiste aussi à orienter les parents et à passer le relais lorsque les problématiques dépassent le champs de nos compétences. Par exemple, si nous repérons des difficultés sociales ou financières, nous proposons de prendre rendez-vous avec un assistant social », conclut la puéricultrice. Au total, en 2019, plus de 5 000 mères et leur bébé auront bénéficié des permanences des puéricultrices du Département, et plus de 6 000 visites prénatales et postnatales ont été effectuées à domicile.
- Maison du Département de Dinan
Tel. : 02 96 80 00 80
2 Place René Pleven - Maison du Département de Saint-Brieuc
Tel. : 02 96 60 86 86
76A rue de Quintin - Maison du Département de Loudéac
Tel. : 02 96 28 11 01
Rue de la Chesnaie - Maison du Département de Lannion
Tel. : 02 96 04 01 04
13 Boulevard Louis Guilloux - Maison du Département de Guingamp
Tel. : 02 96 40 10 30
9 Place Saint-Sauveur
Des lieux pour écouter les parents : les CAP
Pour exprimer ses interrogations et faire part de ses difficultés de parents, il existe deux Centres d’Accueil à la Parentalité, à Paimpol et Saint-Brieuc. Tous deux portés par l’association Beauvallon et soutenus par le Département, ces lieux d’accueil offrent une écoute gratuite et anonyme en toute confidentialité.
Problèmes de séparation, différence de valeurs dans l'éducation des enfants, addiction de leur adolescent, violence conjugale... A Paimpol, les raisons qui incitent les parents à pousser la porte du CAP Actions Parents, situé au premier étage du Chatô, 2 rue Bécot, sont nombreuses. Ici, Stéphanie Le Naour, conseillère en économie sociale et familiale, Marie Queguiner et Maud Charpentier (en remplacement de Delphine Mordrel), toutes deux psychologues, accueillent les parents, beaux-parents, ou parfois des grands-parents, avec ou sans leurs enfants, adolescents et jeunes adultes. Et ce, sans rendez-vous, de façon anonyme, confidentielle et gratuite. Un service mis en place pour soutenir et valoriser les compétences des parents, mais aussi dénouer les situations de crises. « Quelle que soit sa fonction parentale, on peut venir pour dire ce qui fait crise, pour trouver des réponses à ses problématiques, ou lorsqu'on se sent en situation d'urgence. Nous sommes à l'écoute pour accompagner au mieux les parents, et tenter de trouver des réponses », explique Stéphanie Le Naour.
« Parfois, en deux ou trois séances, un déblocage a lieu »
« Souvent, la mère ou le père a besoin d'être réconforté dans sa place de parent. Nous l'aidons à trouver des ressources parentales. », ajoute Marie Queguiner. Un soutien souvent efficace. « Parfois, en deux ou trois séances, un déblocage a lieu », note Maud Charpentier. Mais il arrive que quelques séances ne suffisent pas, ou encore que l'équipe repère des difficultés qui ne relèvent pas de ses missions. Dans ces cas, en réseau avec de nombreux partenaires, elle peut orienter les parents et passe le relais, que ce soit vers un centre médico-psychologique ou encore un travailleur social à la Maison du Département.
En complément de ces permanences d'écoute au premier étage du Chatô, des permanences téléphoniques sont proposées. Mais également des groupes d'échanges thématiques entre parents, ainsi qu'un « café parents », rendez-vous convivial pour échanger autour d'une boisson chaude, dans les écoles de Paimpol. Des actions collectives qui permettent d'aller au devant des familles, pour qu'elles puissent rompre des situations d'isolement, favoriser des liens, et faire circuler la parole.
- CAP Saint-Brieuc
Ouvert le lundi de 9h à 12h, les mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 18h, le mercredi de 13h 30 à 18h. 36 rue Mathurin Méheut, à Saint-Brieuc.
Tél : 02 96 60 48 90 - CAP Actions Parents Paimpol
Ouvert avec ou sans rendez-vous les lundi et jeudi de 9h à 17h30, le mercredi de 9h à 12h, sur rendez-vous le jeudi de 17h30 à 19h. Permanence téléphonique le lundi de 17h30 à 19h.
Château Bertheau, 2 rue Bécot, à Paimpol
Tél : 02 96 55 08 23
Tipi : une parole libre entre le coin dînette et les tapis d'éveil
Installé dans l'hyper-centre de Saint-Brieuc depuis un an, Tipi accueille gratuitement les enfants jusqu'à six ans, et leurs parents. Un agréable lieu pour favoriser l'éveil des enfants et l'échange entre les parents, en toute simplicité.
Dès l'entrée, la douceur et le design des lieux donnent envie d'y passer un moment. Espace de motricité, coin lecture, coin dînette, tapis d'éveil pour les tout-petits, petit comptoir pour boire un café... Tout a été conçu pour l'épanouissement, l'éveil et la socialisation des tout-petits, et le bien-être des parents. Installé rue Charbonnerie, Tipi a été pensé pour que chacun puisse se sentir le bienvenu, souffler un peu, et pour que les enfants puissent disposer d'un espace de jeux et d'éveil.
Toute la semaine sauf les jeudis et dimanches, une équipe composée d'un psychologue, d'un auxiliaire de puériculture et de trois éducateurs y assure l'accueil des familles, et est présente pour échanger avec les parents. « Mais seulement si les parents le souhaitent : nous sommes avant tout des accueillants. Si on nous pose des questions, l'équipe est là pour proposer des conseils, dans ce cadre informel », explique Jean-Paul Kelle, le chef du service. Une équipe de professionnels compétente aussi pour repérer les publics en difficultés, sans pour autant être envahissante. Car on l'aura compris, le lieu n'est pas du tout destiné aux seules familles en difficulté.
La clé d'entrée : le jeu
« Tipi est avant tout un espace de bienveillance. La clé d'entrée ici, ce ne sont pas les problématiques sociales ou les difficultés parentales, c'est le jeu, appuie Jean-Paul Kelle. De ce fait, les parents peuvent parler en toute simplicité, évoquer leurs difficultés... La parole est très libérée ». L'ADN de Tipi, c'est bien que parents et enfants sont accueillis sans jugement, ni a priori. « J'aime beaucoup venir ici avec mon bébé de deux mois, raconte une jeune maman. Ça me permet de pouvoir discuter, parce que je me sens parfois seule et démunie. Et si on a une question, l'équipe est là pour nous donner des conseils sans qu'on se sente jugé ».
Le pari est réussi, à en juger la fréquentation du lieu toute la semaine. Ainsi, de janvier à juillet 2019, 38 enfants par jour, et autant de personnes accompagnatrices, ont été accueillis. Et ici, tous les profils se croisent, que ce soient des jeunes mamans avec leur bébé, des familles le samedi et le mercredi, des assistantes maternelles avec les enfants qui leur sont confiés, des pères ou des grand-parents... C'est l'une des grandes satisfactions de Jean-Paul Kelle : « Toutes les classes sociales sont représentées, il y a une vraie mixité sociale ». Autour d'un café, l'air de rien, Tipi rompt l'isolement de certaines familles, favorise l'échange entre les parents, et fait son nid, petit à petit.
> Tipi, 13, rue Charbonnerie à Saint-Brieuc. Ouvert le lundi, mardi, le mercredi, le vendredi et le samedi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30.
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Tipi
13, rue Charbonnerie, Saint-Brieuc