Enfance

Familles d'accueil : quand les vacances éloignent la souffrance

Le gîte d'enfants "La p'tite clé des champs", au Cambout, accueille des enfants confiés par le Département les week-ends et pendant les vacances scolaires.
Le gîte d'enfants "La p'tite clé des champs", au Cambout, accueille des enfants confiés par le Département les week-ends et pendant les vacances scolaires.

En Côtes d'Armor, plus de 1 000 enfants sont accueillis en familles d'accueil par les 560 assistants familiaux que compte le Département. En 2017, deux familles nous ont ouvert leurs portes, au Cambout et à Grâces, pour nous raconter les vacances d'été des enfants qui leur sont confiés. Des vacances qui riment très fortement avec réjouissance, pour ces enfants aux parcours déjà cabossés par la vie.

  • « Oh... Tu es vraiment trop chou ma petite biquette ! », s'attendrit Eléonore ce mercredi après-midi de mai, en portant la petite chèvre âgée de six mois. Il faut dire que l'adolescente de 13 ans adore les animaux, à tel point qu'elle rêve de devenir vétérinaire ou zoologiste. Pour l'heure, elle est accueillie cet après-midi-là au gîte d'enfants La p'tite clé des champs au Cambout, labellisé Vacances à la ferme, en même temps qu'Enora, 10 ans. Les deux copines vivent toutes les deux dans des familles d'accueil, à Plémet.

    Elles passent presque tous leurs mercredis, et également 15 jours en été, dans cette belle exploitation laitière tenue Thierry et Line Clero . « C'est la quatrième année que nous accueillons des enfants de 6 à 16 ans, les mercredis, les week-ends et pendant les vacances scolaires, avec une capacité d'accueil de quatre enfants, dont deux places réservées pour les enfants confiés par le Département », résume Line Clero, également professeure des écoles.

    Petites ou grandes vacances, le programme des journées se décline autour des animaux, que l'on compte par dizaines : poules, lapins, chèvres, moutons, ânes, vaches, chevaux, chiens...

    "Le contact avec les animaux fait particulièrement du bien aux enfants qui viennent de familles d'accueil", note Lise Clero, à droite sur la photo, en compagnie de son mari Thierry et d'Eléonore et Enora, accueillies dans cette ferme.
    "Le contact avec les animaux fait particulièrement du bien aux enfants qui viennent de familles d'accueil", note Lise Clero, à droite sur la photo, en compagnie de son mari Thierry et d'Eléonore et Enora, accueillies dans cette ferme.

    Des dizaines d'animaux à soigner et caresser

    « Après le petit-déjeuner, nous nourrissons et soignons les animaux, conduisons les vaches au champs, brossons les deux chevaux et des deux ânes... Les après-midis, c'est activités manuelles, sorties en tracteur avec mon mari, traite des vaches, ou encore piscine, une fois par semaine », poursuit Line, qui constate très clairement que durant leur séjour à la ferme, les enfants s'apaisent rapidement, à de très rares exceptions près. Ici tous les ingrédients sont réunis pour offrir aux enfants des vacances ressourçantes : la belle longère chaleureuse, la présence généreuse de Line, la cour arrière propice aux parcours de karting et de vélos, la grande salle de jeux, l'absence d'écran, les animaux en liberté qui ne demandent qu'à être caressés...

    « Le contact avec les animaux fait particulièrement du bien aux enfants qui viennent de familles d'accueil, appuie Line, qui a suivi une formation en médiation animale. Ils réalisent que s'ils s'agitent devant les animaux, ils n'obtiendront rien d'eux. Et que s'ils caressent un chien, il le rendra au centuple ». Pour l'exemple, Line cite cette adolescente ombrageuse de 16 ans, « qui pourrait passer ses journées à brosser la jument, et ne fait plus de crises depuis qu'elle vient à la ferme ».

    A La p'tite clé des champs, petites ou grandes vacances, le programme des journées se décline autour des animaux, que l'on compte par dizaines : poules, lapins, chèvres, moutons, ânes, vaches, chevaux, chiens...
    A La p'tite clé des champs, petites ou grandes vacances, le programme des journées se décline autour des animaux, que l'on compte par dizaines : poules, lapins, chèvres, moutons, ânes, vaches, chevaux, chiens...

    Au bord de mer, des moments heureux pour se reconstruire

    Direction Grâces, près de Guingamp. Les vacances, cet été, ce sera destination Argelès-sur-Mer pour Serge Lucas et sa femme, ainsi que pour les deux adolescents actuellement accueillis dans leur famille, Xavier et Maël. Voilà 17 ans que Serge Lucas, après une carrière en gendarmerie, a choisi de devenir assistant familial, pour aider au mieux les jeunes délinquants « à leur faire changer de route ». Au dîner, chaque soir, le projet des vacances dans le sud s'invite à table, avec beaucoup d'excitation pour Maël et Xavier.

    « Comme chaque fois, on va privilégier les activités sportives : activités nautiques, escalade, plage, randos en vélo... On fait aussi des restos, des sorties en mer... Un programme autant pour eux que pour nous ! », résume Serge. Ces parenthèses estivales, toujours en bord de mer, l'assistant familial ne peut pas les envisager sans les jeunes. « On passe beaucoup de temps à rigoler et discuter à bâtons rompus. Ces vacances nous rapprochent toujours énormément. Et surtout, ça les construit, poursuit-il. Nous prenons beaucoup de photos. Ainsi, quoiqu'il arrive dans leur vie, ils garderont une trace de ce bonheur ».

    Serge Lucas, assistant famillial à Grâces : "Avant tout, je donne aux jeunes que j'accueille un cadre solide, toute ma confiance, et surtout beaucoup d'affection. Pour beaucoup, on est leur seule famille, et ce lien est maintenant indéfectible."
    Serge Lucas, assistant famillial à Grâces : "Avant tout, je donne aux jeunes que j'accueille un cadre solide, toute ma confiance, et surtout beaucoup d'affection. Pour beaucoup, on est leur seule famille, et ce lien est maintenant indéfectible."

    « 20 % d'éducatif, et 80 % d'affectif »

    Autant de souvenirs précieux pour ces jeunes, qui arrivent en famille d'accueil avec des parcours très cognés, sans repères, en carence affective. « Avant tout, je leur donne un cadre solide, toute ma confiance, et surtout beaucoup d'affection. Pour les reconstruire, c'est 20 % d'éducatif et 80 % d'affectif ».

    Si certains adolescents ont renoué avec de vieux démons en quittant cette famille d'accueil, Serge, qui ne déplore aucun incident chez lui en 17 ans, « a plutôt de belles histoires avec les jeunes. Pour beaucoup, on est leur seule famille, et ce lien est maintenant indéfectible ». On croit volontiers celui qui est également père de deux filles, et jeune grand-père, en regardant, accrochées sur les murs, les dizaines de photos de ces jeunes, tous l'air heureux et pleins de vie.

     

    Placement familial : l'action du Département

    A quel moment le Département décide-t-il de placer un enfant en famille d'accueil ?

    Lorsqu'un mineur fait l'objet d'une décision de placement, qu'elle émane du juge des enfants ou à la demande des parents, les services éducatifs, situés dans les Maisons du Département, évaluent l'orientation la plus adaptée aux besoins de chaque jeune, et adressent une demande au service de placement familial, pour un placement soit en famille d'accueil, soit en structure éducative.

    Quelle réponse apporter face à l'augmentation du nombre d'enfants confiés ?

    Le nombre de jeunes accueillis est en augmentation alors que le nombre de familles d'accueil est en diminution, du fait notamment des départs à la retraite. Pour tenter de maintenir l'effectif autour de 550 assistants familiaux, le Département organise régulièrement des recrutements. Des solutions alternatives au placement sont également proposées, avec l'accueil de jour parents/enfants pour accompagner la parentalité, ou les interventions éducatives renforcées sur une durée déterminée pour accompagner les retours en famille.

    Comment les services départementaux agissent-ils en faveur des assistants familiaux ?

    Les assistants familiaux ont différents interlocuteurs pour être soutenus dans leur pratique professionnelle : le service de placement familial, qui assure le recrutement, la formation et l'accompagnement professionnel des assistants familiaux ; le réseau d'assistants familiaux, composé d'une assistante familiale chargée d'animer des temps de formation, et de six assistants familiaux répartis sur le département, qui sont ressources et soutiens pour leurs pairs. Et le Centre départemental de l'enfance et de la famille, qui propose ponctuellement des prestations d'accompagnement.