Portraits d'agents

Un dernier Tour, et puis s'en va...

Régis Le Berre

"Il n’y a pas plus d’ambiance dans les Alpes ou les Pyrénées qu’à Mûr-de-Bretagne, je vous assure !". A quelques semaines de la deuxième étape du Tour de France en Côtes d’Armor, un agent du Département évoque ses six participations à l’organisation depuis l’édition de 2008.

  • Il aura aligné ses six tours de France costarmoricains, un volant entre les mains plutôt qu’arrimé à un guidon. Six étapes costarmoricaines, dans les coulisses de ce grand événement qui, chaque année, fait battre des millions de cœurs d’irréductibles passionnés. Régis Le Berre, agent du Conseil départemental, est "Monsieur routes". C’est lui qui assure la coordination des repérages du circuit emprunté par les coureurs. Il connaît le moindre carrefour, le plus infime virage, le plus petit embranchement... Il maîtrise par cœur chaque détail des circuits parcourus.

    Malgré l’épaisseur du road-book fourni par Amaury sport organisation (ASO), l’organisateur du Tour de France, il relève, au hasard des 180 pages hyper-techniques retraçant le parcours, ici un abord délicat, là un point de sécurité à renforcer pour les spectateurs... En expert, il domine l’ensemble de cet itinéraire de 183,5 km.

    Le Tour 1995 comme si c'était hier

    "2008, 2011, 2013, 2015, 2018... et 2021, un tous les trois ans à peu près ! Mais celui-ci est mon dernier tour", assure Régis qui approche de la ligne de départ, en retraite celle-là. Son amour du vélo, lui, ne date pas de 2008. Alors qu’il était agent de l’Equipement dans le département, il participait déjà à l’accueil des étapes du Tour de France. Il raconte comme si c’était hier le passage du Tour au Légué en 1995, qui a vu couler beaucoup d’eau (de pluie) et de salive (de journalistes) : "Ah... la chute de Chris Boardman dans le contre-la-montre, pile devant Michel Drucker et Patrick Chêne, avec des commentaires qui n’en finissaient plus du genre Et nous sommes à Saint-Brieuc où il pleut toujours... ". Le souvenir est encore vif.

    "Nous avions assisté à toute la préparation dans une ambiance incroyable, sous un soleil de rêve. Toutes proportions gardées, c’est comme l’organisation d’une kermesse d’école. Parents et enseignants sont à fond dans les jours précédents, on travaille comme des fous... Mais le jour J, tout le monde est détendu, heureux ! ".

    " Je ne vois jamais un coureur sur un vélo"

    Les yeux de Régis brillent : "J’ai une vision professionnelle de la compétition. Je ne vois jamais un coureur sur un vélo c’est vrai, mais je profite de l’ambiance ! Lorsque je fais le touriste dans les Alpes ou les Pyrénées, je peux vous garantir qu’il n’y a pas plus d’ambiance qu’à Mûr-de-Bretagne. La ferveur est extraordinaire, l’ambiance inimaginable !".

    En coulisses, même s’il profite de la liesse, Régis Le Berre veille au grain : pas un giratoire, pas un sommet de côte, pas une déviation n’échappent à sa vigilance. "Ce qu’il faut comprendre, c’est que pour 10 mn de passage des coureurs, le Tour est une bulle privative qui avance peu à peu. Pendant ce temps-là, la vie continue : soins à domicile, portage des repas, passage des secours... Les points de cisaillement jalonnent le tracé".
    Ce qui continue à le surprendre, c’est "la capacité des gens à accepter les contraintes. Une fermeture de route pour travaux peut donner lieu à des aigreurs d’usagers. En revanche, pour le Tour de France, tout le monde est d’accord !".

    Il partage sa passion avec sa belle-mère

    Cycliste amateur, ce fondu de Tour de France depuis toujours partage sa passion... avec sa belle-mère : "Elle pour les reportages réalisés en amont sur le patrimoine et la beauté des sites dans les départements traversés, et moi pour les performances sportives". Chaque année, ASO met les petits plats dans les grands. Car pour fidéliser le plus grand nombre, le long des routes ou devant un écran, l’organisateur mise sur des reportages exclusifs sur les sites du parcours, émaillés d’images somptueuses. Régions, départements et communes épaulent les équipes de tournage afin que le résultat soit à la hauteur de tous les publics, y compris les plus exigeants.

    Cette année encore, Régis ne verra pas un compétiteur, "même en étant sur la ligne d’arrivée, avec les coureurs tout près. Je ne vois rien, je regarde l’arrivée plus tard, en replay". Pour vraiment profiter de la course, de l’ambiance et de la fraternité qui règne le long des parcours, y compris entre spectateurs étrangers, il va en vacances dans les départements qui l’accueillent... après les Côtes d’Armor. Car la fête du Tour suffit amplement à faire "langue commune".
     

     

Article issu du n°
180
de Côtes d’Armor magazine

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